Le brut de référence américain a franchi le seuil des 44 dollars le baril mardi matin en séance électronique, une première depuis le début des échanges à New York en 1983. Il a bondi jusqu’à 44,24 dollars tôt dans la matinée.
Le baril de « light sweet crude » s’était hissé lundi à un record historique en clôture à 43,82 dollars, après avoir grimpé à 43,94 dollars en cours de séance.
Quant au Brent de la mer du Nord à Londres, il n’est désormais plus qu’à quelques encablures de ses records historiques atteints en octobre 1990, à 40,15 dollars en clôture et 40,95 dollars en séance. Il s’est installé mardi bien au-dessus du cap des 40 dollars, grimpant jusqu’à 40,45 dollars vers 8 h 15 GMT. Vers 10 heures GMT (12 heures à Paris), le baril de Brent valait 40,30 dollars, tandis que le brut à New York valait 44,09 dollars lors des échanges électroniques.
« C’est une combinaison d’un certain nombre de facteurs, liés à l’offre », qui explique la flambée des prix, note Jon Rigby, analyste à la Commerzbank. « Il y a l’alerte terroriste aux États-Unis, qui souligne l’ampleur du risque politique pris en compte dans les prix du pétrole actuels » et «la déclaration du président de l’OPEP (…) disant que le cartel n’a plus beaucoup de capacité excédentaire » de production, explique l’analyste.
« La peur du terrorisme pousse toujours les prix du pétrole à la hausse », remarque Jon Rigby. « Lorsque le risque politique grandit, cela tend à inclure une prime dans les cours du brut en raison de sa nature stratégique », ajoute-t-il. Le président de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), Purnomo Yusgiantoro, a déclaré mardi que le cartel avait besoin de temps pour accroître l’offre de brut et contrecarrer la forte hausse des prix à des niveaux « fous ». « Actuellement, nous ne pouvons pas accroître l’offre », a-t-il déclaré devant la presse à Jakarta. Le ministre saoudien du Pétrole «Ali al-Nouaïmi a annoncé que (l’Arabie Saoudite) le pourrait, mais elle aura besoin de temps », a-t-il ajouté.
L’Opep, qui fournit plus du tiers de l’offre pétrolière mondiale, produit ainsi bien au-delà de son plafond de production, fixé à 26 millions de barils par jour (mbj) depuis le 1er août. Les analystes estiment que ses capacités excédentaires de production, concentrées en Arabie Saoudite, se situe entre 1 et 1,5 mbj.
« Alors que la capacité excédentaire de production de l’OPEP est à son plus bas niveau depuis une décennie, l’inquiétude est que le cartel peine à compenser toute perte de brut résultant de perturbations de la production », soulignent les analystes de la maison de courtage Sucden. « Cela soutient les cours malgré le fait qu’il y a assez de brut disponible sur le marché », ajoutent-ils.
Autre facteur dopant les prix, un nouveau sabotage a visé aujourd’hui l’oléoduc du nord de l’Irak, reliant les champs de Kirkouk au port turc de Ceyhan. « La mise hors service des oléoducs en Irak est un élément récurrent qui restreint clairement les exportations de brut irakiennes, donc cela contribue à la fermeté des prix du pétrole », explique Jon Rigby.
« L’autre chose à garder en mémoire est le référendum au Venezuela prévu le 15 août, qui pourrait interrompre la production du pays en cas de troubles civils », prévient-il.
Ultime cause de hausse des cours, le géant pétrolier russe Ioukos risque de perdre sa principale unité de production s’il ne rembourse pas d’ici un mois les 3,4 milliards de dollars qu’il doit à la justice pour l’année 2000. Un remboursement que les analystes estiment impossible.