Dans le monde de la haute bijouterie, l’or demeure la référence incontournable. Bien qu’il y ait d’autres métaux tels que le rhodium, prisé en joaillerie, ou encore le platine qui a connu une flambée des prix il y a une décennie, l’or reste le métal précieux le plus répandu. Ses déclinaisons en joaillerie, qu’elles soient brossées, martelées, ciselées, perlées ou rehaussé de perles et de pierres précieuses sont autant de manières de sublimer ce metal, tant convoité depuis des siècles.
Si l’or est le métal le plus répandu, le rhodium, quant à lui, détient le titre du métal le plus précieux au monde. Utilisé dans l’industrie de la joaillerie, il s’échange à un prix exorbitant, avoisinant les 30 000 dollars l’once. Cette flambée des cours est notamment due à ses capacités de réduction des émissions de gaz polluants, notamment l’oxyde d’azote, un atout majeur pour le secteur automobile, selon Laurence Girard, journaliste économique au journal « Le Monde ».
Le rhodium, la nouvelle star des métaux précieux.
Cette saison, l’or suscite plus que jamais l’intérêt, au point de devenir la vedette des musées parisiens. Le Musée Yves Saint Laurent, d’un côté, vient ailleurs de clore l’exposition « Gold. Les ors d’Yves Saint Laurent » avec un nombre record de visiteurs.
Malgré sa rareté, le rhodium est étonnamment présent dans notre quotidien. En effet, de nombreux bijoutiers utilisent une fine couche de rhodium pour enrober leurs créations en or ou en argent, ce qui les protège et leur confère un aspect plus brillant. Cependant, sa présence en joaillerie ne suffit pas à expliquer l’engouement pour ce métal. Le prix du rhodium a atteint des sommets ces derniers temps, s’élevant actuellement à près de 240,550.00 € le kilo, après avoir passé les 280,000.00 Euro en avril dernier.
L’origine de l’or révélée : un cataclysme cosmique vieux de quatre milliards d’années serait à l’origine du précieux métal.
Selon les astrophysiciens, l’or proviendrait de la collision ultra-violente de deux étoiles à neutrons, il y a plusieurs milliards d’années. Ce choc aurait créé un nuage de gaz et de matières, puis des réactions nucléaires ultra-denses auraient permis la formation de l’or, ainsi que d’autres éléments lourds. De plus, les deux astres en rotation auraient projeté dans l’Univers un déferlement d’ondes gravitationnelles qui auraient déformé l’espace-temps. Un phénomène pressenti dès 1918 par Albert Einstein. En 2013, la collision de deux étoiles à neutrons a été observée à quelques 3,9 milliards d’années-lumière de la Terre, ce qui a permis de confirmer la théorie. Les scientifiques espèrent observer d’autres phénomènes similaires grâce au satellite européen Euclid, mis en service en 2020, pour valider définitivement leur hypothèse.
On estime qu’un total de 209 000 tonnes d’or ont été extraites dans le monde jusqu’à présent et les experts estiment que seulement 54 000 tonnes d’or sont encore disponibles pour être extraites. Et parmi les 2000 tonnes d’or pur utilisées chaque année dans le monde, environ 45% de cet or est utilisé pour la fabrication de bijoux.
La glyptique, une représentation miniature de l’Antiquité en bijoux
Dans l’Antiquité, les bijoux en or étaient considérés comme des ornements de prestige et une réserve financière précieuse pour leurs propriétaires, qu’ils soient hommes ou femmes. L’or, un présent de Zeus aux humains, était associé au pouvoir et à la richesse. La Bible relate que le pharaon éleva Joseph à la dignité de ministre en lui offrant son anneau en or. Aujourd’hui, la production la plus courante de bijoux antiques sur le marché de l’art appartient au monde de la glyptique, ces gravures sur pierre fine. Les camées et les intailles étaient des sculptures miniatures utilisées pour de nombreuses vocations, allant de la propagande politique à la demande de protection d’une divinité.
La vente à Drouot de la collection du docteur de Feuardent en 2004 permit de montrer au public de nombreux exemples de bijoux antiques, notamment une bague romaine à la monture en or, ornée de motifs végétaux luxuriants et d’une intaille gravée dans un nicolo bleu sombre représentant Jupiter trônant avec un aigle à ses pieds. Cette pièce de musée, estimée à 10 000 euros, fut très largement dépassée.
Le bestiaire antique est également abondant dans la glyptique, symbolisant les vertus incarnées par les animaux. Par exemple, un petit camée romain figure un chien de garde en veille, tandis qu’un lion tenant une tête de vache sous sa patte représente la force et le pouvoir dévorant. Les symboles modernes relatifs aux animaux ne sont pas toujours pertinents pour comprendre la signification des bijoux antiques. La vente Feuardent proposait également de minuscules amulettes égyptiennes conçues pour être cousues à la momie, dont une truie en faïence verte de la basse époque représentant Nout, fille du dieu de l’air et déesse du ciel, connue pour avoir dévoré ses enfants. Cependant, l’érudition nécessaire pour apprécier pleinement ces objets peut limiter le nombre de collectionneurs de bijoux antiques.
L’utilisation mondiale de l’or en joaillerie.
L’or est un métal précieux inaltérable, c’est-à-dire qu’il ne se ternit pas à cause des composants chimiques de l’atmosphère et qu’il n’est pas attaqué par les acides simples. Avec une densité de 19,5 l’or pur est très lourd et il est facilement reconnaissable à sa couleur jaune brillant.
Comme l’or pur est malléable et ne résiste pas très bien à l’usure, l’or est généralement mélangé avec d’autres métaux pour créer des alliages d’or afin de changer sa couleur et d’améliorer ses propriétés mécaniques, permettant aux bijoutiers de créer des bijoux en or très fins et légers à partir de ces alliages d’or.
Les alliages d’or les plus couramment utilisés sont l’or 18 carats (pur à 75 %), l’or 14 carats (pur à 58,3 %), l’or 10 carats (41,7 %) aux États-Unis et l’or 9 carats (37,5 %) en Europe.
Le marché français de la bijouterie : l’or 9 carts au detriment du 18 carats.
Le marché français de la bijouterie-joaillerie et de l’horlogerie a connu une croissance spectaculaire en 2022, avec une hausse de 20% des ventes pour atteindre 7,5 milliards d’euros, selon un rapport annuel du secteur. Malgré un contexte incertain marqué par la crise en Ukraine, l’augmentation des coûts énergétiques et de l’inflation, la filière française de l’horlogerie et de la bijouterie-joaillerie a connu une croissance exceptionnelle. La production a atteint les 5 milliards d’euros, enregistrant une augmentation de 29% par rapport à l’année précédente, avec des progressions jamais vues auparavant. Cette performance s’explique en partie par la clientèle française et le retour des touristes étrangers. La production de bijouterie-joaillerie a augmenté de 31% pour atteindre 4,6 milliards d’euros, tandis que la production d’horlogerie a connu sa meilleure année depuis 20 ans, avec un chiffre d’affaires de 381 millions d’euros, soit une augmentation de 12% par rapport à 2021.
De l’or pur SVP ! Le marché asiatique de la joaillerie.
L’or 24 carats est très courant en Asie pour la confection de bijoux. De nos jours, les bijoux en or 10 et 14 carats font fureur en Occident, tandis que les pays asiatiques ne jurent que par l’or pur 999 millièmes. En effet, l’Asie détient le titre de plus grand marché mondial pour les bijoux en or pur. Cette popularité s’explique par la couleur et l’éclat uniques de l’or pur, qui le distinguent de tous les autres métaux. Considéré comme un symbole de statut et d’élégance, il est également reconnu comme un actif liquide, facile à vendre partout dans le monde et à tout moment.
Une demande de luxe qui continue de croître avec l’enrichissement de la classe moyenne chinoise.
L’électroformage révolutionne l’industrie de la bijouterie.
Dans le domaine de la joaillerie, l’or pur présente un inconvénient majeur : il est très malléable et facilement marqué par l’usure quotidienne, ce qui limite les possibilités de design. C’est une préoccupation importante pour les leaders de l’industrie de la joaillerie en Asie, qui participent activement au World Gold Council. Ce conseil a pour objectif de partager les dernières avancées scientifiques et les nouvelles dans le domaine de l’or.
La dernière découverte faite est vouée à révolutionner l’industrie de la bijouterie en or 24 carats. Il s’agit d’un nouveau procédé de production appelé or 24 carats électroformé à forte dureté, qui améliore les antérieurs procédés d’électroformage de l’or. Ce processus permet au joaillier de produire des bijoux en or durci beaucoup plus solides et résistants à l’usure que les bijoux classiques en or pur. Étant plus solide, cet or permet au joaillier de sertir des pierres précieuses sur des bijoux en or 24 carats, ce qui n’était pas le cas avant le développement de cette technologie.
Le nouveau procédé électroformage d’or à forte dureté.
L’électroformage d’or est à peu près le même procédé que le placage d’or, à la différence que l’épaisseur du dépôt d’or est bien plus importante que pour un placage d’or, celle-ci varie de 0,1 mm à 0,3 mm dans certains cas avec le processus d’électroformage d’or.
Le placage d’or a été découvert en 1805 par le chimiste italien Brugnatelli. Après sa découverte, de nombreux scientifiques ont travaillé sur ce procédé au cours du XIX° siècle, et l’invention du générateur de courant continu en 1871 a élargi l’utilisation du procédé de placage dans l’industrie, et plus tard a conduit à l’invention de l’électroformage de l’or dans l’industrie de la bijouterie.
La couronne du prince Charles a ainsi été réalisée en 1969 à l’aide d’un procédé d’électroformage de l’or. La couronne est en or 24 carats et pèse 1,36 kg. Bien que ce processus soit bien connu dans l’industrie de la bijouterie, de nombreuses améliorations ont été apportées au procédé au cours des 10 dernières années.
Voici les principaux avantages d’un tel procédé d’électroformage de l’or :
- Les bijoux peuvent être fabriqués en or 24 carats
- Des formes fines, complexes et creuses sont possibles
- De grandes pièces très légères peuvent être fabriquées
- Permet la production industrielle de nombreuses pièces au total, réduisant les coûts de production
- Il n’y a pas de déchets générés ni de pertes de métal avec ce procédé
Avec ce nouveau procédé, plus écologique et offrant un meilleur contrôle de la pureté du dépôt d’or, combiné à des avantages en termes de résistance à l’usure, les principaux producteurs de bijoux en or 24 carats du marché asiatique ont hâte de se développer sur le marché américain.
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