Les types monétaires de l’Empire romain se présentent à nous avec une profusion telle qu’il ne saurait être question d’en faire le dénombrement. La raison de cette richesse, c’est que pour l’Empereur, la monnaie demeure ce qu’elle fut dans le monde grec, un instrument de propagande. Mais si pour les cités hellènes, cette propagande se résume dans la formule concentrée d’un symbole, il faut à l’imagination romaine, moins idéaliste et plus positive, une expression plus immédiatement saisissable du pouvoir qui s’affirme, un louange plus directe, un exposé discursif de l’événement qui le confirme. Les revers des monnaies impériales sont des bas- reliefs narratifs, où l’art est souvent sacrifié au besoin d’apporter une preuve explicite.
Voilà pourquoi non seulement les princes dont l’avènement se produit selon les formes légales et prévues, mais les usurpateurs, les généraux proclamés par leurs troupes, n’ont rien de plus pressé que de frapper monnaie à leur nom. La preuve que cette politique était efficace, c’est que certains d’entre eux qui n’ont fait dans l’histoire qu’une brève apparition, ne nous sont plus connus aujourd’hui que par ces monnaies émises en hâte, C’est le cas, pour prendre un exemple, d‘Eugène, (Flavius Eugenius), un rhéteur et grammairien, proclamé empereur en 392 contre Théodose.
L’iconographie des empereurs a subi le contrecoup de cet empressement qui ne souffrait pas de délai. II est arrivé que le portrait du nouvel empereur ayant tardé à parvenir dans un atelier éloigné, les monétaires se sont contentés d’utiliser celui du prédécesseur en l’entourant du nom et des titres du nouveau maître. Par contre, quand le règne est long, la suite des effigies suit d’assez près l’altération des traits du souverain vieillissant. Il faut tenir compte dans tout ceci non seulement de la multiplicité des ateliers ou des officines, mais des nécessités techniques qui obligeaient à renouveler incessamment les coins, et par conséquent à changer l’image qu’ils portaient.
Les revers des monnaies romaines constituent donc une véritable chronique, on peut les consulter comme des archives impérissables, datées avec exactitude. C’est en s’inspirant de ces méthodes que Louis XIV, après avoir souvent consulté ses médailliers, édifiera, grâce à l’Académie des Inscriptions, créée à cet effet, l’Histoire métallique de son règne. La monnaie romaine participe de la nature de ce que nous appelons une « médaille »; elle a rendu aussi les services de notre presse actuelle.
Les dieux, fréquemment représentés sur les monnaies romaines.
Les 12 grands dieux : Jupiter, avec les nombreuses épithètes qui le spécialisent dans une fonction ou dans une dévotion : Capitolinus, Fulgerator, Propugnator, Invictus… Junon, qui est tantôt la reine, Regina, tantôt la protectrice des femmes en couches, Lucina, ou qui veille sur l’armée Martialis…Vesta la déesse du feu inextinguible, qui garde dans son temple le Palladium rapporté de Troie par Enée – Minerve – Neptune – Mars Conservator, Invictus, et aussi Pacifer, Fundator pacis – Vénus, Felix, Caelestis, Genetrix, mère des descendants d’Enée, au nombre desquels se plaçait César lui-même, qui dédia un temple à Vénus Genetrix après la victoire de Pharsale, en 46 av. J.-C. et fit exécuter sa statue par Arcésilaos – Apollon – Diane – Mercure – Cérès – Vulcain.
Les héros ou les demi-dieux de la légende nationale apparaissent en foule :
- Achille
- Enée
- Esculape le dieu guérisseur qui s’appuie sur un bâton autour duquel s’enroule un serpent
- Amphion et Zethus, les fils de Zeus et d’Antiope, qui vengèrent leur mère en attachant Dircé aux cornes d’un taureau
- Ariadne dont les noces avec Thésée font le sujet d’un médaillon d’Antonin le pieux, associée à Bacchus dans un char traîné par un satyre et une panthère
- Atlas qui porte sur ses épaules le globe du monde
- Atys et Cybèle, la Grande Mère, dont le culte fut apporté à Rome de Phrygie, et qui trôna entre deux lions, tandis qu’elle tient un sceptre et un tympanon
- Bacchus
- les Dioscures, patrons du gros commerce et de la banque
- Cupidon
- Pan
- les Furies
- le Génie de l’Empereur ou du peuple romain, tenant une patère et une corne et une corne d‘abondance
- les Géants
- les Grâces
- Hercule tous ses travaux, vainqueur du lion de Némée, de l’hydre de Lerne, du sanglier de Calydon, de la biche aux pieds d’arain, des oiseaux du lac Stymphale, de l’amazone, du taureau, et qui nous est montré aussi nettoyant les écuries d’Augias, combattant Diomède ou le triple monstre Geryon, captivant Cerbère, ou encore au jardin des Hespérides
- Janus bifrons
- l‘Océan
- Prométhée, le ravisseur du feu divin
- la déesse Rome casquée et pacifique
- Saturne
- le monstre Scylla
- le Soleil, Sol, dont le culte devint prépondérant sous Aurélien, grâce à la diffusion de la religion mithriaque très en faveur parmi les soldats
- le Sphinx
- Tellus, la terra mater, symbole de la fécondité et du monde infernal
- les Tjtans, adversaires des dieux
- Triptolème, le favori de Cérès, qui accompagne Déméter dans un char traîné par des serpents
- Ulysse
- Etc.
La légende romaine est largement exploitée, surtout sous Antonin et Marc-Aurèle, quand le 900e jubilé de la Ville, en 147, invite le peuple à méditer sur ses origines héroïques. Enée débarque avec son fils Ascagne et son père Anchise sur les rives du Latium, nous le voyons descendre de son vaisseau, au premier plan une grotte abrite la truie
et ses petits, tandis qu’on voit au loin les premières substructions d’une cité. La fuite des Troyens qui abandonnent Troie en flammes est représentée sur un médaillon de la même époque. La Louve et les jumeaux Romulus et Rémus, sous le figuier Ruminal, est un type qui se répétera jusqu’à la fin de l’Empire. Ailleurs, nous assistons à la descente de Mars vers Rhea Silvia qui repose dans le sein du Tibre.
Le culte impérial est une autre source à laquelle on a constamment recours. La Consecratio, nous l’avons vu, met l’Empereur défunt au rang des dieux, on nous montre le bûcher somptueusement édifié, d’où l’aigle s’envole vers l’Empyrée. En contrepartie, la Damnatio memoriae voue à l’exécration l’Empereur lui-même et les membres de sa famille.
Des fêtes procurent aux princes la popularité dont ils sont avides : les jeux, ludi quinquennales, ludi decennales, sont l’occasion d’émissions monétaires et de largesses. Plus encore, les jeux séculaires, sous Auguste, Antonin le pieux, Septime Sévère. Philippe, en 248 célébrera le millénaire de la Ville, et les grandes solennités sportives et religieuses : ludi romani, plebei, cereales, megalenses, apollinares. De plus, les Romains adressent leurs vœux aux dieux pour le salut de la république, pour le retour, la félicité ou la victoire de l’Empereur. Ces vœux sont prononcés pour cinq, dix ou vingt ans : VOTIS V (solutis), VOTIS X (susceptis), ou bien VOT. V – MVLT. X, telles sont les inscriptions que l’on relève, au milieu d’une couronne, ou bien sur le bouclier que tient une Victoire, un stylet à la main.
Les abstractions personnifiées.
Elles jouent un grand rôle dans les imaginations romaines soit qu’elles expriment une satisfaction béate, dans les époques de prospérité, soit que l’affirmation qu’elles symbolisent rallie la foi du peuple dans un avenir meilleur.
Telles sont :
- l’Abondance ou l’Annone, prometteuses de larges distributions de blé, tenant la corne d’Amalthée
- Aequitas, qui se confond parfois avec la Monnaie
- les trois Monnaies, tenant une corne d’abondance et une balance
- Aeternitas, qui symbolise la durée de la dynastie impériale, ou l’immortalité de l’Empereur
- Alacritas, l’Allégresse, sous la forme d’un Pégasse en plein vol
- Bonus Eventus, incarnation de la bonne moisson, de la richesse des épis
- Caritas, qui se confond avec la piété
- Claritas, un des attributs du Soleil
- Clementia, la générosité qui s’exprime en faveur des compétiteurs ou des ennemis vaincus
- Concordia, coiffée d’un diadème et d’un voile, tenant une patère ou un rameau d’olivier
- Constantia
- Fecunditas qui assure la perpétuité de la famille impériale et protège les enfants des impératrices
- Felicitas, tenant un caducée et parfois escortée des quatre Saisons
- Fides, la fidélité des armées ou des prétoriens
- Fortune, déesse du Sort, tenant un gouvernail et une corne d’abondance
- Hilaritas, qui a pour attributs une croix, une ancre, un gouvernail, une corne d’abondance, une palme ou un sceptre
- Honos, qui personnifie la valeur militaire
- Indulgentia
- Jucunditas
- Justitia
- Juventus
- Laetitia
- Libertas
- Nobilitas
- Patientia
- Pax, celle-ci longuement invoquée, affirmée même au temps des luttes les plus ardentes, accompagnée de légendes qui semblent parfois des contre vérités dérisoires : PACE P. R. VBIQVE PARTA JANVM CLAVSIT, PAX AETERNA, PAX ET LIBERTAS, PAX ORBIS TERRARVM, PAX VBIQVE PARTA
- Perpetuitas
- Pietas
- Providentia
- Publicitia, la patronne de la vertu féminine, dont Plotine, femme de Trajan célèbre le culte
- Quies
- Religio
- Salus
- Seguritas
- Spes
- Tranquillitas
- Ubertas
- Veritas
- Victoria
- Virtus
Types de monnaies dans les provinces soumises par les empereurs.
Elles paraissent sous l’aspect de femmes munies d’attributs divers :
- l’Achaïe à laquelle Auguste et Hadrien prodiguèrent leur sollicitude
- l’Égypte, qui tient le sistre d’Isis, un ibis à ses pieds
- l’Afrique, coiffée de la dépouille d’un éléphant, accompagnée d’un lion ou d’un scorpion
- Allemannia, avec un prisonnier dans les fers, sous Constantin
- Alexandrie, porteuse d’épis, escortée d’un crocodile
- l’Arabie, avec un chameau, sous Trajan
- l’Arménie agenouillée, coiffée d’une tiare, entre l’Euphrate et le Tigre, sous Auguste ou sous Trajan
- l’Asie couronnée de remparts, tenant un gouvernail, le pied sur une proue de vaisseau, sous Hadrien on Antonin
- la Bithynie, sous Hadrien
- la Britannia, tenant la lance et le bouclier
- la Cappadoce, portant sur sa main une image du mont Argée
- Carthage, identifiée à Caelestis, tenant le tympanon et le sceptre, escortée de deux lions
- la Dacie, vaincue par Trajan
- la Dalmatie sous Hadrien
- Francia pleurant au pied d’un trophée, sous Constantin
- la Gaule, ou les Trois Gaules (Gaule, Aquitanie et Belgique), dont Galba s’honore d’être le restitutor
- l’Espagne, avec des épis et un lapin
- l’Illyrie la Germanie
- la Gothie
- l’Italie, régente du monde dont elle tient le globe
- la Judée, qui se lamente au pied d’un palmier, sous Vespasien et sous Titus
- la Libye, agenouillée devant Hadrien
- la Macédoine, sous Hadrien
- la Maurétanie, coiffée d’une peau d’éléphant
- la Mésopotamie
- la Pannonie
- la Parthie, avec la tiare, l’arc et le carquois
- la Perse
- la Phénicie
- la Phrygie
- les Quades, qui reçurent un roi des mains d’Hadrien
- la Sarmatie
- la Scythie
- la Sicile
- la Syrie, l’Oronte à ses pieds
- la Thrace
Joignons à ces images celles des fleuves, le Danube, le Tigre et l’Euphrate, le Nil, le Rhin, le Tibre.
L’Empereur lui-même est revêtu d’une dignité qui l’élève au-dessus des citoyens à la fois par son caractère sacré et par l’éminence des qualités humaines qu’il est censé réunir en sa personne. Une puissance universelle lui est conférée ; il est le rector orbis, et tient le gouvernail, tandis qu’est posé sur sa main le globe du monde. On le voit aussi sacrifier aux dieux en tant que pontife suprême; il est le mainteneur de la paix, mais en même temps il incarne la guerre, sous l’aspect d’un guerrier à cheval qui terrasse un ennemi dont la force ne saurait s’opposer à la sienne. L’impératrice est la Mère des camps, la Mère du Sénat. On l’identifie à Vesta, à Vénus, à Cérès, à Cybèle, on la dénomme Constantia, Pax Augusta. Les princes héritiers présomptifs de l’Empire, comme Caius et Lucius César sous Auguste, sont les Principes Juventutis, chefs de l’ordre équestre.
L’un des premiers soins de l’Empereur en accédant au gouvernement, c’est de rappeler les circonstances heureuses qui lui ont donné le pouvoir, de manifester la force sur laquelle il s’appuie. Il rend hommage à ses soldats, aux légions, dont la fidélité ne lui a pas fait défaut aux heures critiques, aux prétoriens qui ont soutenu son coup d’état et qui l’ont proclamé dans un pronunciamiento, à l’assistance que lui ont donné les provinces. D’autre fois, comme il arrive à Hadrien, c’est l’adoption qui lui assure la succession de l’empire, et il n’aurait garde de ne pas se targuer du droit qui lui est ainsi conféré. Caracalla et Géta, comme plus tard Dioclétien et Maximien Hercule tiennent à affirmer, les mains jointes, leur amour mutuel, leur concorde, la stabilité de leur union sur quoi repose le destin de l’Empire.
Lorsque des années de règne ont permis de voir l’Empereur à la tâche c’est son œuvre qui est célébrée, le bonheur assuré par son labeur en même temps que la gloire qui en rejaillit sur le peuple entier. On rappelle ses vertus, son activité dans les affaires civiles. Hadrien se vante d’avoir procuré la felicitas temporum, d’avoir « restitué» la monnaie : son siècle sera le siècle d’or, mais en outre il se félicite d’avoir accompli tant de voyages utiles ou prestigieux dans toutes les parties de l’Empire qui jouit d’une paix bienfaisante. Vespasien se targue d’avoir garanti la liberté publique.
La Victoire, bien entendu, est la compagne fidèle du Prince, soit dans l’absolu :
- Victoria Augusti, soit dans les manifestations particulières de sa faveur, la domination d’un peuple, d’une contrée.
- Victoria britannica, ou germanica. Les vaincus sont figurés sous l’aspect d’un personnage qui plie le genou devant l’Empereur. Celui-ci, dans l’apparat du triomphe, s’avance dans un quadrige escorté de soldats et de la Victoire qui place sur sa tête une couronne. Nous assistons ailleurs au départ de l’Empereur pour une campagne militaire, à son arrivée au camp, à cheval, la main tendue pour le salut rituel, à son entrée dans une ville soumise qui lui rend hommage, à son allocution aux soldats du haut d’une estrade, à la distribution du congiaire, la rémunération offerte aux vétérans, aux largesses faites par le général à ses troupes, au don de joyeux avènement. Ces distributions se répètent à différents intervalles et sont numérotées, de même que les acclamations qui renouvellent la popularité du chef d’armées.
Ce n’est pas seulement ses légions que l’Empereur fait bénéficier de ses libéralités, le peuple romain tout entier est alimenté par ses générosités, les répartitions de blé se succèdent, c’est l’Annona dont les cornes d’Abondance se vident à son profit. L’Empereur est assis sur une haute estrade, entouré de sa maison militaire et de porteurs d’enseignes. Les citoyens, un par un, gravissent les degrés pour recevoir la tessère qui leur donnera droit chacun à sa part quand ils passeront aux magasins de vivres.
Une autre façon, fort appréciée de manifester son faste, et d’échapper à l’accusation de ladrerie, consiste à donner des jeux publics, c’est ce qu’on appelle la munificentia. Quelques monnaies – elles ne sont pas nombreuses – rappellent que l’Empereur a procédé à une remise des impôts.
Si la Paix rétablie a pour emblème, sous Néron, la fermeture du temple de Janus : Janun clausit, tous les événements militaires qui jalonnent le cours de l’histoire sont commémorés par la frappe d’une monnaie, et les légendes mêmes qui soulignent ces petits bas-reliefs, marquent par leur précision très volontaire le caractère imprimé par le gouvernement impérial à sa politique internationale : Aegypto capta, Alemania devicta, Armenia capta, Rex Armeniis datus, Armenia er Mesopotamia in potestatem P.R. redactae, Pax parthica, Rex Parthis datus, Victoria sarmatica. La répression d’un soulèvement, la réduction d’un rival s’exprime par les mots : Restituror orbis. Plus on s’éloigne des débuts de l’Empire, plus les légendes monétaires se font grandiloquentes, Constantin sera l’Expugnator omnium gentium, le Debellator gentium barbarorum, et l’Empereur léguera à la postérité, à l’Empire byzantin et jusqu’à Louis XIV, l’image terrible d’un guerrier qui écrase sous ses pieds l’adversaire qui a osé lui résister.
L’armée frappe aussi des monnaies; les monnaies légionnaires.
Les légions fournissent également des types monétaires, notamment sous Gallien, avec leurs numéros d’ordre, leurs noms : Augusta, Italica, Libera, Flavia, Macedonica, Claudia, Augusta Gemina, Primigenia, Ulpia Victrix, et leurs insignes particuliers, On a reconnu sur les monnaies de Nîmes, au crocodile ou à la « Tarasque » l’emblème des soldats venus d’Égypte en garnison sur les bords du Rhône. Nous pouvons étudier sur les monnaies l’armement et l’équipement du légionnaire ou du centurion, ses enseignes, sa discipline même. La parade de cavalerie, l’Empereur en tête, s’appelle la Decursio. Et voici des scènes de campagne comme le passage du Danube, sous Marc-Aurèle, à l’aide d’un pont jeté sur des bateaux.
Nous pouvons encore participer à mille incidents de la vie de la cité : la procession des jeunes gens et des jeunes filles en l’honneur d’Apollon et de Diane, des scènes de sacrifice et de prière, le labour du prêtre, fondateur de ville, qui symbolise l’extension du pomoerium, le voyage d’une impératrice dans sa litière, carpentum. Voici encore le simpulum et l’aspergillum du pontife, le litius de l’augure, des enseignes, des trophées, des galères, et toute la ménagerie à laquelle les jeux du cirque avaient habitué les Romains : lions, rhinocéros, hippopotames, crocodiles ou taureaux.
les bâtiment et ouvrage d’art représentés sur les monnaies.
Les monuments d’architecture et les constructions de toute espèce attestent une fois de plus que les Romains furent de grands bâtisseurs. Ces édifices sont représentés avec une exactitude graphique par quoi s’exprime le sens positif du tempérament latin. Le temple de Jupiter Capitolin, construit par les Tarquins, apparaît déjà sur des deniers de la République, sous sa forme primitive. Il fut restauré à plusieurs reprises, jusqu’à sa destruction sous Honorius. Le temple de Jupiter Ultor figure sur des monnaies de Sévère Alexandre, celui de Juno Martialis sur celles de Trébonien Galle et de Volusien. Auguste édifia celui de Mars Ultor ; celui de Janus avec ses portes fermées sert de type à des monnaies d’or, d’argent et de bronze de Néron, Le temple de Vénus et de Rome date de 128, sous Hadrien. Le temple rond de Mercure fin dédié par Marc-Aurèle.
Un sesterce de Vespasien nous offre l’image de l’Iseum campense, qui fut restauré par Domitien, Sévère Alexandre, Dioclétien et Maximien Hercule. Le temple de la Concorde apparaît sur des sesterces de Tibère, en 34-36. Celui de Vesta fut en grande vénération sous Auguste, et fut fermé par Théodose, en 394 Le temple de Divus Augustis fut commencé sous Tibère et achevé par Caligula.
Trajan consacra un temple à son père, Trajanus pater. La Basilique Ulpia, temple de la Liberté est représentée sur un sesterce de Trajan, qui dédia également un sanctuaire à Matidie, Divae Matidiae socrui. Sur un denier d’Antonin, frappé en 141, après la mort de l’impératrice nous voyons le temple de Diva Faustina, qui devint par la suite le temple de Divus Antoninus et de Diva Faustina. Enfin le petit temple rond consacré par Maxence à son jeune fils Romulus, dont les portes de bronze sont encore en place à l’église de Côme et Damien, à Rome, paraît sous différents aspects sur des monnaies de bronze. Les monnaies de Néron nous montrent les portes de l’enceinte de l’Ara Pacis. Citons encore des autels comme l’Ara Providentiae Augustae sur des as de Tibère.
Les arcs-de-triomphe prêtent leurs formes harmonieuses aux types monétaires où les détails de leurs sculptures sont souvent minutieusement reproduits: l’arc d’Auguste, avec un quadrige triomphal, celui de Drusus, celui de Néron, érigé après la victoire de Corbulon en Arménie; celui de Domitien, après l’entrée solennelle de l’Empereur à Rome, en 93 ; celui de Trajan ; celui de Septime Sévère, qui date de 203 ; celui de Postume, avec trois trophées flanqués de prisonniers assis. Parmi les monuments divers, citons la statue de l’Artémis d’Ephèse, l’idole de la Pergaia ; la colonne trajane, érigée derrière la basilique Ulpia pour commémorer la campagne victorieuse de ce prince contre le Dace Décébale, et la colonne d’Antonin le pieux.
D’autres édifices valaient aux empereurs un juste renom : le pont sur le Danube de Trajan, lancé sur le fleuve, aux Portes de fer, est représenté sur des monnaies de bronze, de même le pont Aelius construit par Hadrien en 136, dit aujourd’hui Pont Saint-Ange; les ponts de bateaux de Marc-Aurèle sur le Danube; le pont monumental de Septime Sévère, qui date de 208 ; le pont sur le Rhin, à Mayence, devant Castel, figure sur un médaillon de plomb où l’on voit Dioclétien et Maximien Hercule assistant au défilé des troupes.
D’autres types monétaires, malgré leur exiguïté, nous donnent une vue exacte des monuments les plus fameux : le Circus maximus qui prit toute son ampleur sous Trajan, de 100 à 104, et qui paraît aussi sur des médaillons de bronze de Philippe, frappés au moment des jeux du millénaire de Rome – l’amphithéâtre flavien que nous connaissons sous le nom de Colisée, sur des sesterces de Titus, en 80 – le Macellum ou abattoir, sur des dupondius de Néron – le Forum de Trajan – les deux ports d’Ostie, d’abord sur des monnaies de Néron, puis sur des sesterces de Trajan – les Thermes de Caracalla sur un médaillon de bronze de Sévère Alexandre – le Nymphaeum Divi Alexandri, sous Sévère Alexandre. Joignons à cela des statues de villes : celle de Trèves sur un médaillon de bronze de Constantin – celle de Londres sur le médaillon d’or de Constance Chlore trouvé récemment à Beaurains, ou des images plus précises comme celle de Trèves, sur la Moselle, dont un médaillon d’or de Constantin nous montre les tours et la porte dorée.
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