A première vue, la baisse du taux chômage de 5,4% en décembre à 5,2% aux États-Unis en janvier est encourageante. Ce taux est le plus bas depuis septembre 2011, ce qui atteste du dynamisme de la conjoncture américaine.
Pourtant la publication, hier, des derniers chiffres de l’emploi a déçu. L’économie américaine n’a créé que 146 000 nouveaux postes le mois dernier, alors que les experts tablaient sur quelque 200 000. La révision en baisse des chiffres de décembre a contribué à la déconvenue : 133 000 emplois ont été créés, et non pas 157 000. Comme d’habitude, les créations du mois dernier (177 000) sont générées par les services. En revanche la bonne santé de l’industrie américaine se fait au détriment des embauches puisque le secteur manufacturier a perdu 25 000 postes le mois dernier. Il en avait déjà perdu 7 000 en décembre et cette tendance négative prévaut depuis septembre. Si l’on en croit les statistiques de la production industrielle, par exemple, la conjoncture dans ce secteur est pourtant la meilleure depuis quatre ans. L’indice des directeurs d’achat publié cette semaine reflétait aussi, dans sa composante « emploi », une situation en nette amélioration. Au-delà de la fermeture des chaînes de production automobile, qui intervient traditionnellement à cette époque de l’année, d’autres facteurs saisonniers ont pesé sur l’activité industrielle.
Surtout, les opérateurs ont rapproché le chiffre publié hier d’une autre statistique décevante diffusée la veille. La productivité a progressé de 0,8% seulement au quatrième trimestre. Sur l’ensemble de l’année, elle n’a gagné « que » 4,1%, contre 4,4% en 2017.
Un ralentissement qui s’explique justement par la reprise des créations d’emplois.
En effet, la production a accéléré l’an dernier, mais les entreprises ont aussi embauché pour la première fois depuis 2015. L’évolution récente de la productivité n’est pas très encourageante pour celle de l’emploi, qui déçoit déjà ! Les experts estiment qu’il faut environ 150 000 emplois nouveaux chaque mois pour absorber la hausse naturelle de la population active.
Les opérateurs guettent la prestation du président de la Fed devant le Congrès. Dans son discours, il fera un point sur la conjoncture après la sixième hausse du taux des «Fed funds» mardi dernier. Hier, présent à Londres à l’occasion de la réunion des pays du G 7, il est apparu relativement confiant sur la capacité des États-Unis à réduire le déficit courant grâce à « la flexibilité accrue de l’économie américaine ». Moins optimiste, le président de la BCE a stigmatisé une nouvelle fois le manque d’épargne privée aux États-Unis.
Le prix du pétrole devrait rester à un niveau élevé.
les prix du pétrole restent durablement inscrits à la hausse – juste sous la barre des 50 dollars à New York –, au point d’exacerber les inquiétudes de nombreux experts. Faisant un point hier sur la scène pétrolière et gazière internationale, l’Institut français du pétrole (IFP), par l’entremise de son président Olivier Appert, n’a donc pas caché que la situation était préoccupante. Le marché a toutes les chances de rester tendu au cours des mois qui viennent, a-t-il souligné, la moyenne des prix à un niveau élevé étant entretenue à la fois par « une demande forte, une insuffisance d’investissement – aussi bien en amont qu’en aval – et une instabilité au Moyen-Orient ». Sur l’état de la demande d’abord, la croissance exponentielle de la consommation mondiale d’hydrocarbures au cours des dix-huit derniers mois a contraint les institutions internationales à revoir régulièrement leurs estimations à la hausse. Le seuil des 80 millions de barils par jour (mbj) a été allégrement dépassé en même temps que le mécanisme, observé depuis près de vingt ans, selon lequel des prix élevés entraînaient un ralentissement de la demande, a été battu en brèche.
Parallèlement, le manque d’investissements commence à s’installer comme une donnée chronique.
Dans l’amont (exploration-production), le problème est d’autant plus crucial qu’environ 80% des réserves de la planète sont détenues par des compagnies nationales qui investissent peu dans ce domaine. «Sur la période 1999-2003, deux tiers des nouvelles découvertes ont été réalisées par des compagnies privées », rappelle l’IFP. Dans l’aval, l’outil de raffinage, notamment aux États-Unis, est saturé et la construction de nouvelles infrastructures nécessitera au moins quelques années.
S’agissant enfin de la situation au Moyen-Orient, force est de constater que jusqu’à présent, les nombreux foyers de tensions dans la région, à commencer par l’Irak, ne sont jamais parvenus à déséquilibrer durablement la chaîne des approvisionnements. Pour autant, l’essentiel des menaces sur le bon fonctionnement du marché pétrolier vient de l’équilibre, ou plutôt des déséquilibres de la zone. Comme le note Olivier Appert, «si les exportations pétrolières du Moyen-Orient venaient à connaître dans l’avenir une interruption en raison de tensions politiques, nous nous trouverions alors confrontés à un vrai choc pétrolier».