Cette pierre organique, à laquelle on attribuait autrefois des vertus mystérieuses, fascine à nouveau joailliers et créateurs qui travaillent le corail dans un style contemporain.
« Le retour en force du corail est un état de fait et s’inscrit dans l’esprit «hippie-jupon-pieds dans le sable, annonce Marie Chauveau, directrice de l’agence de communication Mafia. Il participe du succès des couleurs ensoleillées et vitaminées plébiscitées dans notre monde anorexique et nous rappelle la nature dans un esprit très «peace and love ». C’est aussi un bijou d’antiquaire qui joue sur la nostalgie et le retour en grâce des matières lumineuses à porter sur une peau bronzée. »
L’engouement pour cette pierre organique, à laquelle on attribuait autrefois des vertus mystérieuses – bienfaisantes ou maléfiques –, ne date pourtant pas d’hier. On se souvient qu’elle ornait déjà le pommeau des épées des guerriers celtes, puis celles des croisés, et qu’elle est devenue ensuite le plus bel atour des femmes de la République de Venise. « Quel que soit leur statut social, elles en portaient toutes pour mettre en valeur leur chevelure blond vénitien », explique Charles Paolini, auteur de La Fascination du corail (Editions du Gerfaut). Depuis lors, cette pierre de sang n’a jamais cessé d’envoûter les initiées. Hier, Melle Chanel l’affectionnait tant que la marque propose toujours des pièces en corail dont la fameuse bague Camélia. Et aujourd’hui Victoire de Castellane qui, depuis le début, l’utilise dans ses collections pour Dior joaillerie.
« C’est une pierre organique chargée de mystères, explique-t-elle. J’aime travailler son côté baroque. »
Naguère synonyme de bijoux vintage, le corail inspire à nouveau les joailliers qui le travaillent dans toutes ses nuances, du rouge vif de Sardaigne à la couleur «peau d’ange» du Pacifique. «Un rose pâle que l’on nous demande énormément», s’enthousiasme-t-on chez Repossi. Chez Pomelatto qui, en 2002, le relança dans des lignes de bijoux très contemporains, on l’associe à des pierres de couleur. Autre précurseur, Cartier qui, en 2003, lançait ses «Délices de Goa», perles de corail et d’améthyste : «C’est une pierre ludique que les femmes ont moins peur de porter que des diamants, surtout en journée», explique Pierre Rainero chez le joaillier. Il n’empêche que les diamantaires aussi s’y sont mis. Une petite révolution chez Damiani qui vient de sortir plusieurs modèles sertis de brillants. «Pour nous, il s’agit incontestablement d’une tendance forte du marché», reconnaît la griffe qui a même confié à son designer intermittent – Brad Pitt – la conception d’une chevalière en corail. «Ces temps-ci, les gens en sont accros, renchérit Loulou de la Falaise. J’en ai toujours été toquée et, chaque année, j’en utilise dans mes collections en association avec de la nacre ou du bois. En plus, ça protège du mauvais oeil !» Alors que les joailliers emploient le corail taillé en cabochon ou en perle, certains créateurs jouent sur son aspect naturel en l’utilisant tel quel. «Il y a quelques années, je me suis constitué un stock de branches de corail que j’intègre au fur à mesure dans mes colliers, explique Philippe Ferrandis. En 2005, la demande est très forte.» Mais les réserves ne sont pas extensibles… «Les pièces de grande taille, qui ont mis des années à pousser, sont devenues quasiment introuvables en Méditerranée», soupire la créatrice de bijoux Monica Rossi, qui préfère également les exploiter dans leur forme originelle. «Dans le contexte d’une mode standardisée, les branches de corail, toutes différentes, répondent à ce besoin de singularisation qui nous anime tous», explique Marie Chauveau. Une envie de se différencier mais aussi d’affirmer son attachement à la nature dans ce qu’elle a de plus fragile. «Ce n’est pas la pêche du corail, parfaitement régulée, qui menace sa survie, mais plutôt le réchauffement des eaux et la pollution», explique le joaillier et designer Thomas Boog qui travaille depuis plus de quinze ans ces joyaux de la mer en bijoux comme en décoration. Car la vogue du corail touche désormais d’autres secteurs que la joaillerie. Dans l’univers de la maison, les motifs coraux gagnent les tissus (Pierre Frey), la vaisselle (Raynaud), le linge (Olivier Desforges)… Idem dans la mode où l’on retrouve moult décors coralliens sur des maillots de bain et des capelines (Manuel Canovas), voire sur des chaussures (Ferragamo, Guiseppe Zianotti). «Cette envie de couleur et d’originalité se manifeste plus facilement sur les accessoires que sur les vêtements, note Marie Chauveau, et donne une note à la fois chic et ethnique.» Pourtant, pas mal de créateurs l’ont mis à l’honneur dans leurs collections de prêt-à-porter : Roberto Cavalli, Andrew GN mais aussi Versace. Pour l’été, la marque italienne a conçu un imprimé «jardin de coraux» représentant le fond des océans avec une méduse, symbole de la griffe. Un mollusque dont Persée trancha la tête dans la mer et dont le sang se figea… en corail.
- Anaconda Atelier : 01.42.60.18.29.
- Cartier : 01.42.18.43.83.
- Dior Joaillerie : 01.40.73.73.73.
- Ferragamo : 0 810 001 200.
- Fred : 01.53.45.28.91.
- Pomellato : 01.42.65.62.07.
- Versace : 01.47.42.88.02.
- Raynaud : 01.40.17.01.00.
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