Le Pérou, malgré son statut de leader dans la production et l’exportation d’or, fait face à des défis considérables liés à l’orpaillage illégal, à la dégradation environnementale et aux impacts sociaux dévastateurs sur les communautés locales.
Le Pérou se positionne comme le sixième producteur mondial d’or, avec des réserves estimées à 2.762.000 kilogrammes.
Au cours de la dernière décennie, les exportations de ce métal précieux ont été multipliées par huit, représentant environ 15 % du PIB national. Les principaux marchés d’exportation de l’or péruvien incluent la Suisse (57 %), le Canada (25 %) et les États-Unis (14 %). Les principaux acheteurs sont des banques d’investissement et des banques centrales, qui considèrent l’or comme un actif de réserve de valeur privilégié. Cependant, les régions touchées par cette ruée vers l’or sont devenues des zones de non-droit, marquées par des problèmes sociaux, la violence, la criminalité et la misère. La SPM s’efforce de garantir que l’or sale de ces régions ne parvienne pas en Suisse et soutient les initiatives visant à améliorer la situation dans les zones d’extraction aurifère.
Malgré ces excellents chiffres, le commerce extérieur a connu un revers au premier trimestre de cette année. Les exportations ont chuté de 21 %, impactées par la baisse des prix de plusieurs métaux, dont l’or, le cuivre, le plomb et l’étain. Plus précisément, les exportations d’or ont atteint 2.072 millions de dollars US au premier trimestre, contre 2.887 millions de dollars US pour la même période en 2012, marquant une baisse de 28,2 % conforme à la tendance générale du secteur minier.
Yanacocha, la plus grande mine d’or d’Amérique latine et la deuxième au monde, est un acteur majeur du secteur. Propriété de Newmont Mining Corporation, Yanacocha est souvent qualifiée de « joyau de la couronne » par Newmont, générant une part importante de ses bénéfices. Cependant, depuis son lancement en 1993, la mine a suscité de vives controverses en raison des dommages environnementaux. Les organisations locales dénoncent la contamination des sources d’eau, la réduction de la biodiversité et l’augmentation de la criminalité due à l’afflux de demandeurs d’emploi.
En Afrique, le Burkina Faso projette d’augmenter ses exportations d’or à 35 tonnes, contre 32 tonnes en 2013, grâce à l’expansion de deux de ses principales mines. Situé en Afrique de l’Ouest et bordé par le Niger, le Ghana et la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso s’affirme comme un acteur important du marché de l’or, avec des exportations représentant 20 % du PIB. Les mines d’or se trouvent dans le nord, l’ouest, le sud-ouest et le centre du pays. Toutefois, le travail des enfants demeure un problème majeur, affectant gravement leur santé physique.
L’Amazonie Péruvienne Ravagée par l’Orpaillage Illégal
Plus de cinq siècles après l’arrivée des premiers conquistadors sur le continent américain, le mythe de l’Eldorado continue de faire des ravages en Amazonie. Au Pérou, l’orpaillage illégal a pris une ampleur considérable ces dernières années, au détriment des écosystèmes naturels et des populations locales, intoxiquées par le mercure utilisé pour agglomérer les paillettes d’or. Malgré un programme gouvernemental de lutte contre ce fléau, de larges étendues de forêt primaire continuent d’être déboisées par les orpailleurs clandestins. Une photo spectaculaire capturée par la NASA depuis la station spatiale internationale révèle l’étendue des ravages causés par l’orpaillage dans l’État péruvien de Madre de Dios.

La région de Madre de Dios, située dans le sud-est du pays, à la frontière avec le Brésil et la Bolivie, a perdu en moyenne 21.000 hectares de forêt par an depuis 2017, soit deux fois la superficie de Paris. Là où il y avait autrefois de la végétation, s’ouvrent désormais de vastes carrières inondées d’eau ocre où les dragues opèrent sans discontinuer. « Les membres de la communauté ne peuvent plus planter ni maïs, ni bananes, ni yucca, car cette terre est pratiquement morte », déplore Jaime Vargas, un chef indigène de 47 ans, promoteur de la reforestation des sites miniers abandonnés.
Bien que l’activité minière soit interdite sur leurs terres, les indigènes sont les premiers à subir les activités minières illégales, même si certains y prennent part. « C’est l’État qui est responsable, à cause de son désordre » dans la gestion de l’exploitation minière, dénonce le chef indigène du peuple Shipibo.
Trois types d’exploitations aurifères coexistent au Pérou :
la légale, l’informelle qui tente d’achever le processus de légalisation, et l’illégale, dont l’activité finance le crime organisé. « Les mineurs illégaux nous envahissent de toutes parts », peste Lucio Quispe, 40 ans, exploitant une concession de 200 hectares près de Puerto Maldonado. Ses deux frères ont récemment été attaqués à la machette, dans une région où les affrontements autour des sites miniers sont courants.
En 2022, le Pérou a produit officiellement 96 tonnes d’or, mais environ 180 tonnes ont été exportées, principalement vers le Canada, l’Inde, la Suisse et les États-Unis. « Quarante-cinq pour cent des exportations n’ont pas de registre de production », souligne l’organisme qui supervise le secteur bancaire et collabore à la lutte contre le blanchiment d’argent. Des études indépendantes placent le pays au premier rang des exportateurs d’or illégaux en Amérique du Sud, avec 44 %, devant la Colombie (25 %) et la Bolivie (12 %), selon l’Institut péruvien d’économie.