Le royaume des Parthes, recouvrant l’Irak, l’Iran et l’ouest de l’Afghanistan actuels, fut fondé vers 230 avant J.-C. par une tribu de nomades venus d’Asie centrale, et se développa sur les ruines de l’Empire séleucide.
Sommaire
Numeraire dynastie des Parthes Arsacides.
Le principal numéraire de la dynastie régnante, les Arsacides, était la drachme, d’environ 4 grammes, frappée dans des ateliers situés sur les plateaux iraniens. Cependant, les tétradrachmes étaient courant en Mésopotamie, et l’on frappait aussi quelques oboles d’argent et de grande quantité de chalkoi en bronze pesant 2 grammes, avec des multiples.
Les légendes étaient en grec, complétées sur les premières émissions par de l’araméen et sur les tardives par du perse pahlavi. Les dates, calculées selon l’ère séleucide mais exprimées en mois macédoniens, apparaissent sur la plupart des tétradrachmes. Les bronzes correspondants ne portent que l’indication de l’année. Sur les drachmes tardives, les monogrammes indiquent les villes-ateliers. A quelques exceptions près, les coins du droit et du revers étaient prévus pour que leur axes coïncident. En ce qui concerne le style, les émissions parthes débutent dans le bon goût hellénistique, mais les émissions tardives tendent à être de faible relief et gravées d’un trait linéaire et sévère.
A l’époque de la montée des Parthes, la Perside, au sud de l’Iran, était déjà indépendante des Séleucides. Le numéraire de ce petit état, y compris les tétradrachmes, drachmes, et petites pièces d’argent, porte la tête du roi-prêtre local d’un côté, et l’autel du feu flanqué d’un gardien de l’autre. Les inscriptions sont en araméen ou en pahlavi. En 224, le prince de Perside, Ardachêr, renversa les Arsacides et fonda l’Empire sassanide, état beaucoup plus belliqueux, dont les conquêtes s’étendirent de l’Inde à l’Asie mineure.
Sassanides, Chosoès II (590-628), Drachme, 4,1 Gr. Avers : Buste de Chosroès II couronné à droite. Revers : Autel de feu avec de chaque côté de l’autel
Les drachmes d’argent sassanides, pesant toujours environ 4 grammes, présentent un flan mince caractéristique, donnant souvent lieu à des « points morts », c’est-à-dire des endroits où l’empreinte n’est pas « montée » à la frappe. Chaque monarque possède sa propre couronne, ce qui rend l’identification relativement facile. L’écriture pahlavi des légendes, en revanche, est par essence ambiguë, aussi bien que la titulature royale ne présente aucune difficulté, certains noms d’ateliers sur les émissions tardives n’ont toujours pas été identifiées de façon satisfaisante. Les espèces d’or, surtout des dinars, enrichirent la série des espèces parthes, mais relativement peu de pièces de bronze furent émises, peut-être parce que celles de la période précédente, encore en circulation, suffisaient. Yazdgard III, le dernier roi Sassanide, fut tué par les envahisseurs arabes en 651.
L’Elam, petit royaume situé sur les contreforts du Zagros incluait l’antique cité de Suse, où se trouvait l’un de ses ateliers. Un temps indépendant au IIe siècle avant J.-C., il fut plus tard inféodé aux Parthes. Les premières émissions, en bon argent, étaient avant tout des tétradrachmes, mais une dévaluation postérieure conduisit à un monnayage en bronze de ces derniers aussi bien que des « drachmes ». L’art de la gravure rompit résolument avec le style grec, tandis que, sur de nombreux exemplaires, le type du revers fut réduit à une juxtaposition de traits disséminés au hasard dans le champ ; si une inscription devait être utilisée, on se servait du parthe pahlavi.
L’état tout proche de Characène, à l’extrémité du golfe Persique, connut une histoire similaire ; une autonomie de courte durée suivie d’une soumission aux Arsacides. Là, la monnaie principale fut toujours le tétradrachme, de plus en plus dévalue, et forgé dans la capitale Spasinou. Les légendes, à l’origine en grec, furent finalement rédigées en araméen. L’Elam tout comme la Characène furent incorporées à l’Empire sassanide et leur monnayage supprimé.
La Nabatène était un royaume arabe groupé autour de Pétra, sans doute la ville-atelier. Les premières émissions commencent vers 100 avant J.-C. et les Romains finirent par incorporer cet état dans leur province d’Arabie en 106. De rares drachmes d’argent et des bronzes bien plus nombreux constituent l’essentiel du numéraire. Sans doute la population aspirait-elle à l’indépendance car, si l’on en croit Diodore, « ils vivent en plein air. Ils ont pour habitude de ne jamais semer de grain, ni de planter d’arbres fruitiers, de na jamais user de vin ni de batir des maisons… parce que ceux qui possèdent ces choses sont obligés de se soumettre aux puissants s’ils veulent continuer d’en jouir ».
L’état arabe du sud correspondant se trouva d’abord sous le contrôle des Sabéens, puis des Himyarites. Avant 200 avant J.-C. environ, les premiers émirent des tétradrachmes et des drachmes imitant de façon assez ressemblante la facture, le métal et le type du numéraire athénien du IVe siècle. Puis les Himyarites choisirent des modèles romains ; enfin, au IIe siècle après J.-C., leurs rois firent frapper des drachmes aux légendes rédigées dans l’écriture sémitique locale.
Des peuples apparentés avaient fondé le royaume d’Axoum, de l’autre côté de la mer rouge, en Éthiopie. Des monnaies furent forgées entre 250 après J.-C. environ et la conquête arabe. Pour la plupart, les inscriptions sont en grec approximatif, bien entendu conservé après l’adoption du christianisme. Un trait curieux de ces émissions, dont les valeurs semblent fondées sur un étalon, proche du gramme, est le placage d’une couche d’or sur les exemplaires d’argent et une couche d’argent sur les bronzes.
La numismatique orientale.
La numismatique orientale est difficilement accessible, parce que pour pouvoir la pratiquer avec quelque profit, il est nécessaire de posséder la connaissance d’une série de langues et d’alphabets qui sont totalement différents de ceux de l’Europe. C’est pourquoi nous nous bornerons à donner des indications relativement brèves sur cette matière.
Les monnaies musulmanes.
Le groupe de monnaies orientales le plus homogène est celui des monnaies musulmanes. Il est caractérisé par le fait que les inscriptions de ces pièces sont généralement en caractères arabes et en constituent, à de rares exceptions près, la seule décoration. Leur aire de fabrication est extrêmement étendue : elle commence au détroit de Gibraltar pour s’étendre sur tout le nord de l’Afrique, l’ouest et le sud de l’Asie jusqu’aux Indes et au Turkestan chinois.
Au début de l’extension arabe, les Mahométans se servirent des monnaies qu’ils rencontraient dans les pays conquis, puis ils refrappèrent certaines de celles-ci. C’est ainsi qu’en Perse ils reproduisirent des drachmes sassanides en y ajoutant en arabe l’invocation qui figure sur un grand nombre de monnaies islamiques : au nom de Dieu ; en Syrie, ils copièrent à l’origine des effigies impériales avec des inscriptions grecques plus ou moins correctes à côté des indications en arabe ; en Afrique et en Espagne, on trouve au début de leur monnayage des inscriptions latines ; mais à partir du VIIIe siècle, les caractères arabes sont les seuls employés.
D’ordinaire, les inscriptions fournissent les données suivantes : le nom du prince qui bat monnaie; l’endroit ou la frappe a été opérée, parfois simplement le pays ; l’année de fabrication suivant l’ère musulmane ; des sentences empruntées au Coran, ou des invocations, des formules religieuses telles que celle dont nous avons fait mention ci-dessus. Les monnaies d’or portent le nom de dinar quel qu’en soit le poids ; les monnaies d’argent, celui de dirhem, et celle de bronze s’appellent fuls.
C’est à partir de l’an 76 de l’Hégire (695) que les khalifes eurent une monnaie propre. En retracer l’histoire, même sommaire, est impossible : dès le début du VIIIe siècle, la puissance du commandeur des croyants se trouva affaiblie ; dans les provinces éloignées, les gouverneurs s’emparèrent de toutes les prérogatives du pouvoir souverain qu’ils exerçaient par délégation ; ils se rendirent héréditaires et purent exercer le droit de battre monnaie à condition de mettre le nom du khalife régnant à la place d’honneur, et le leur en second ordre ; puis ils se départirent de cette obligation purement et simplement. D’autre part, ils imposèrent les mêmes règles à leurs propres vassaux qui battaient également monnaie. C’est pourquoi on peut rencontrer en même temps sur une monnaie à la fois le nom du khalife et celui de plusieurs princes soumis les uns aux autres. Le nombre des princes mahométans qui ont battu monnaie est infini.
Signalons quelques anomalies curieuses que l’on rencontre dans les séries musulmanes. Bien que l’Islamisme interdise la représentation de la figure humaine, certaines dynasties du nord de la Mésopotamie ont reproduit sur leurs espèces des types antiques ou byzantins : tête de profil d’un Séleucide, saint Georges à cheval, l’empereur près de la sainte vierge qui le bénit, etc. ; sur les cuivres géorgiens et persans su XVIIIe siècle, on trouve représentés un poisson, un coq, un aigle fondant sur une colombe, le bœuf, le lion accompagné du soleil, etc. ; sur les pièces des Mongols de l’Inde on retrouve les divers signes du zodiaque.
Ces cas spéciaux mis à part, les monnaies islamiques dont l’allure décorative est obtenue par la beauté et la disposition des caractères de l’alphabet, laissent une impression d’art calligraphique.
L’Inde s’est trouvée morcelée en un grand nombre d’états dont beaucoup sont mahométans. Cependant, les sultans de Delhi par exemple, tout en ayant émis depuis la fin du XVIe siècle des monnaies à inscriptions arabes, ont aussi frappé des cuivres au taureau et au cavalier avec inscriptions en caractères sanskrits. C’est le cas d’un certain nombre de princes de ces contrées. Mentionnons tout spécialement les sultans de Mysore dont beaucoup d’espèces sont au type de l’éléphant.
Dans le sud des Indes, on trouve de petites monnaies d’or portant la représentation d’une, deux ou trois divinités avec inscriptions en caractères sanskrits. Elles portent le nom de Pagodes. Il en est de diverses époques.
Le Népal, depuis la fin du XVIIe siècle, a possédé une curieuse monnaie d’argent d’aspect géométrique. L’ornementation y est obtenue au moyen de compartiments renfermant des caractères sanskrits. Ces compartiments sont disposés dans le champ de manières variées, comme des cloisonnements, mais toujours en tenant compte d’une sévère symétrie. Les rajahs d’Assam ont depuis la même époque frappée des pièces octogonales portant dans le champ de longues inscriptions en caractères sanskrits disposées sur plusieurs lignes. Un grand nombre d’autres princes hindous, depuis la fin du XVIIe siècle, ont battu des monnaies à inscriptions en caractères sanskrits.
Le Siam Le Siam a émis une curieuse monnaie d’argent : le tical, qui se divise en quatre mayons. On a comparé ces pièces à des noisettes qui seraient ouvertes à la manière d’un sabot de cheval. Le tical paraît plutôt rappeler la forme des cauris, ces coquillages qui ont servi de moyens d’échange en Asie et en Afrique.
La Chine.
La Chine possède une monnaie originale. Ses populations, qui se livrent surtout à l’agriculture, n’ont guère eu besoin que d’un numéraire de peu de valeur ; aussi, jusqu’à l’époque contemporaine, s’est-elle servie d’une monnaie de cuivre coulée et de fabrication locale.
Les plus anciennes monnaies sont des imitations en réduction d’objets qui, antérieurement, servaient aux échanges : plaques sonores et monnaies-cloches, monnaies-fermetures-de-volets, monnaies-bêches, monnaies-pu qui ont conservé la forme d’un instrument aratoire disparu aujourd’hui, et la monnaie couteau. Toutes ces pièces portent des inscriptions qui nous apprennent avant tout le nom de l’endroit où elles ont été fabriquées, et le nom de la valeur qu’elles représentent. Il y aurait eu aussi des sortes de bagues en cuivre sans inscriptions, d’où dériveraient les monnaies rondes munies d’un trou rond et central dont les inscriptions fournissent des noms de localités. D’après la tradition chinoise, ces monnaies auraient été créés pendant la première moitié du règne de la dynastie Chou qui a régné sur la Chine entre 1122 et 255 avant Jésus-Christ. Le trou central rond aurait été remplacé par une perforation carrée sous l’empereur Ching-Wang, entre 544 et 51 avant Jésus-Christ. A côté du nom de la ville où elles ont été émises, on trouve parfois sur ces espèces des indications de valeur. Les anciennes monnaies en forme d’instrument cessèrent d’avoir cours sous l’empereur Qin Shi Huang, qui régna de 221 à 209 avant Jésus-Christ.
Un usurpateur, Wang Wang, occupa le trône impérial de 9 à 23 de notre ère. Il voulut rétablir l’ancienne monnaie-couteau et la monnaie-pu. Mais après sa mort, la monnaie ronde à trou carré fut reprise. Elle a été maintenue avec une série de modifications successives dans ses dimensions, son poids et ses inscriptions à travers l’histoire des nombreux empereurs qui se sont succédé jusqu’en 1890. A cette date, la Chine a adopté une monnaie de conception européenne. Elle a fait frapper une piastre d’argent divisée en cent cents. Il y a des pièces de 1 piastre, 50, 20, 10 et 5 cents. Le type est un dragon à cinq griffes.
Le Japon
La numismatique japonaise se confond à ses débuts avec celle de la Chine : le peuple japonais n’avait pas de monnaies propres, et se servit d’abord de celles de sa voisine. A partir du VIIIe siècle de notre ère, croit-on, à l’imitation de celle-ci, il fabriqua des monnaies rondes à trou carré, unifaces, portant l’inscription cuivre japonais, puis une série de sentences telles que : grand trésor de beaucoup d’années, trésor céleste, d’abondant profit, etc. Le métal manquait fréquemment, on remplaça le cuivre par le plomb et l’étain. Le Japon alla même jusqu’à acheter à la Chine des monnaies toutes fabriquées.
Vers 1587, un système monétaire complet fut instauré pour tout l’empire ; les principaux daimios émirent des espèces locales analogues à celles du pouvoir central. Ce système continua jusqu’en 1870, et fut marqué par une série de refontes générales des espèces qui amenèrent une diminution continue de la valeur intrinsèque du numéraire.
Ces monnaies d’or furent de grandes plaques plates, minces, ovales ou elliptiques, laminées au marteau et empreintes d’une série de poinçons. Les plus grandes portent le nom d’o ban et pesaient 10 ryos (un peu plus de 150 grammes) ; les plus petites, celui de ko ban et pesaient 1 ryo (15 grammes). Le ryo finit par devenir une monnaie, abstraction faite de la notion de poids. Les pièces d’argent sont analogues à celles d’or. Quant à celles de cuivre, elles étaient coulées. Celles qui sont rondes, du moins les plus anciennes, ne portent en général aucune inscription au revers. Certaines d’entre elles qui, quoique de même dimension, ont une valeur supérieure aux premières, sont décorées au revers d’arcs de cercle en relief qui permettent de les reconnaître même au simple toucher.
Du point de vue esthétique, les anciennes monnaies japonaises relèvent comme les chinoises, de la calligraphie qui est hautement appréciée dans l’empire du soleil levant. En 1870, le Japon qui, après avoir imité la Chine, s’était pris d’engouement pour l’Europe, adopta un système décimal. Les pièces d’or ont une valeur nominale de 20, 10, 5, 2 et 1 yen. Le yen se divise en 100 sen. Les monnaies d’argent valent 50, 20, 10 et 5 sen. Les types en sont le dragon, le soleil radié et la fleur héraldique de chrysanthème.