Après une pause jeudi, le pétrole a repris hier son ascension vers de nouveaux sommets. Sur le marché à terme de New York le contrat pour livraison septembre a atteint à mi-séance 43,50 dollars le baril battant son record de mercredi (43,05 dollars en séance).
A Londres, le brent a inscrit un plus haut historique depuis 14 ans à 39,90 dollars battant son précédent record de mercredi à 39,68 dollars en séance. Le brent se rapproche ainsi de son sommet établi en octobre 1990 à 40,95 dollars en séance.
Cette flambée, provoquée mercredi par la menace d’une faillite
imminente de Youkos, s’est révélée une aubaine pour le groupe pétrolier
russe. Celui-ci s’est vu accorder hier un mois de sursis pour rembourser
les 3,4 milliards de dollars d’arriérés d’impôts qu’elle doit au fisc
au titre de 2000. Cette mesure montre la volonté du gouvernement russe
d’atténuer la crise déclenchée en début de semaine par le ministère de
la Justice qui a ordonné un gel de tous les actifs de la société.
Les dirigeants et actionnaires de Youkos, «qui jouent leur dernière carte» selon
une analyse de Barclays Capital, ont habilement réagi en menaçant
aussitôt de geler leurs livraisons de pétrole. D’où la frayeur des
marchés et l’alerte lancée par l’Organisation des pays producteurs de
pétrole (Opep) qui, par la voix de son président, Purnomo Yusgiantoro,
s’est déclarée jeudi «extrêmement inquiète».
De fait la suspension des ventes de Youkos serait une sérieuse menace pour l’équilibre du marché déjà très tendu.
Avec 1,7 million de barils par jour (mbj), Youkos produit à lui
seul l’équivalent des excédents de capacité encore disponibles parmi les
pays membres de l’Opep. La production mondiale de pétrole est donc
proche de ses limites.
Ceci au moment où la demande en Chine ne désarme pas et alors que
les États-Unis, premier pays utilisateur avec plus de 20% de la
consommation mondiale, traversent un pic saisonnier, le «driving
season», période estivale pendant laquelle les vacanciers américains
voyagent beaucoup en voiture et en avion.