La monnaie dans les cités grecques.

Répandre l'amour.

L’un des attraits de la numismatique antique, qui tout en justifiant son étude la rendent fort difficile, c’est l’extrême multiplicité des espèces monétaires. Songeons que du VIIe siècle au milieu du IIIe siècle avant notre ère, près de 1400 villes et de 500 chefs d’état ont battu monnaie, et que chacune de ces cités, chacun de ces règnes constitue un chapitre sous lequel maintes variétés sont rassemblées.

La Grèce a émis une pièce de monnaie en or de 100 euros commémorant le centenaire du retour de la région sud de la Macédoine, et de la ville de Thessalonique, à la souveraineté de l’état grec moderne. Thessalonique, une ville riche en culture et patrimoine hellénique, possède une histoire qui remonte à plus de 2.300 ans. Fondée en 315 avant JC par le roi Cassandre de Macédoine (305-297 avant JC), la ville était l’une des colonies les plus riches et les plus importantes de l’Empire byzantin, la deuxième ville après Constantinople. Thessalonique a été assiégé et prise par les Turcs ottomans en 1430. Durant 400 ans, Thessalonique fut intégrée dans la province ottomane de Roumélie (Rumeli eyalet). Salonique a été élevé au rang de province (vilayet Selanik) de 1826 à 1864 et durant dernières années de la domination ottomane, la ville fut la capitale de la province du Grand Salonique (vilayet-i Selanik) jusqu’à sa réunification avec la Grèce en 1912. Aujourd’hui, son titre honorifique de Symprotévusa – qui se traduit littéralement par « co-capitale » en référence à son statut historique comme Symvasilévousa ou «co-régnant « ville dans l’Empire byzantin, à côté de Constantinople. Sa population est maintenant de plus d’un million de personnes selon le recensement de 2011. Cette ville, patrimoine mondial de l’UNESCO, possède de remarquables monuments byzantins, y compris les monuments paléochrétiens et byzantins de Thessalonique. Salonique est une destination touristique de choix. La pièce en or, conçue par l’artiste – sculpteur George Stamatopoulos, a inclus quelques symboles très connus à Salonique et dans toute la Grèce. L’avers de la pièce représente une feuille d’or circulaire, avec une rosette d’or en son centre, très probablement l’ornement d’un vêtement (un artefact trouvé das l’ancien cimetière de Nea Philadelphia, à Thessalonique, 480 avant JC), se détachant sur le drapeau grec. La légende « 100 ΧΡΟΝΙΑ ΑΠΟ ΤΗΝ ΑΠΕΛΕΥΘΕΡΩΣΗ ΤΗΣ ΘΕΣΣΑΛΟΝΙΚΗΣ 1912-2012 » (100 ans de la libération de Thessalonique de 1912 à 2012) est placé sur la moitié supérieure de la monnaie. Le motif du revers comprend l’un des symboles les plus emblématiques de la ville, celui de la Tour Blanche, entourée de branches d’olivier de chaque côté. Le blason officiel de la Grèce est apposé sur la tour. Le texte « ΕΛΛΗΝΙΚΗ ΔΗΜΟΚΡΑΤΙΑ » (République hellénique) est placé sur le bord supérieur la valeur nominale « 100 » EΥΡΩ, est placé au pied de la tour, et plus bas la marque d’atelier de la Monnaie de la monnaie grec. Frappé en qualité épreuve, en or fin 0,916 (22 carats), la pièce pèse 7,98 Gr et a un diamètre de 22,1 mm. Un tirage de seulement 1.500 pièces a été autorisés. Un must-have pour les collectionneurs de monnaies grecques modernes –

Il a fallu adopter un certain ordre pour se reconnaître dans ce monde de documents. Celui qui règne dans nos médailliers, pour les séries grecques, est celui qu’a suivi le géographe Strabon, à l’époque d’Auguste. Le recueil de Mionnet, encore en usage, est conforme à ce plan qui consiste à suivre les bords de la Méditerranée en commençant par la rive septentrionale et en allant de l’ouest à l’est, puis en rejoignant le point de départ par la rive Sud et l’extrême Occident. Dans chaque province, les villes sont classées par ordre alphabétique. A l’intérieur de ce cadre on s’efforce d’établir des suites chronologiques sujettes à modifications, selon les recherches ou les découvertes.

La raison d’être de cette énorme production de numéraire est à coup sûr la nécessité de pourvoir aux échanges entre producteurs, entre marchands et clients de toute espèce. On notera à ce propos que les monnaies de peu de valeur, les petites divisions, qui sont parfois le seul témoignage qui nous reste de l’existence d’une ville, n’ont été trouvées que dans des espaces étroitement circonscrits, elles ne servaient qu’au commerce local et n’ont pas été exportées. C’est en les recueillant sur place que des voyageurs, en Asie mineure notamment, ont aidé à situer mainte pièce de bronze difficilement identifiable. Seules certaines espèces, les monnaies d’Athènes, au premier chef, ou celles de Corinthe, ont bénéficié, en raison de circonstances politiques ou économiques exceptionnelles, d’une diffusion internationale. Bien plus, elles ont été imitées en des contrées éloignées, ce qui démontre la faveur universelle dont elles jouissaient.

C’est par l’émission d’une monnaie particulière que cités, rois ou despotes affirmèrent leur autonomie. Voilà pourquoi, au grand bénéfice des archéologues, des états minuscules, des souverains éphémères, des villes d’une si mince importance que nul autre souvenir n’en est resté, ne nous sont plus connus que par les monnaies qu’ils nous ont laissées. Leur vanité trouve ainsi par-delà les siècles une satisfaction qu’ils n’avaient peut-être pas escomptée.

Songeons qu’à Chypre, onze cités différentes ont un monnayage autonome, que telle île des Cyclades, comme Céos, n’a pas moins de trois ateliers monétaires. D’autre part, c’est en frappant monnaie que les satrapes vassaux du grand roi revendiquent une indépendance dont ils sont fiers. C’est en mettant un terme au monnayage des cités enrôlées de gré ou de force dans la ligue attico-délienne après les guerres persiques, qu’Athènes affirme sa suprématie.
Nous choisirons quelques exemples seulement qui nous permettront de mettre en relief les services que peut rendre la numismatique à l’histoire.  C’est un fait curieux, écrit C.T.Seltman, que malgré le nombre relativement considérable des documents littéraires à notre disposition, l’histoire du monnayage athénien primitif présente presque plus d’incertitude que toute autre série numismatique.»

Les monnaies héraldiques grecques.

Et pour sortir de ce doute, il nous convie à examiner les monnaies que les Allemands appellent Wappenmünzen ; monnaies héraldiques, et que l’uniformité de leur poids et de leur fabrique ont fait grouper dès longtemps, sans qu’on fût d’accord sur leur attribution précise.

Leurs types sont très variés : amphore, triskèle, protomé de cheval, scarabée, astragale ou osselet, roue, taureau, cheval bridé, arrière-main de cheval, chouette, tête de taureau, gorgoneion, oeil humain, jambe ployée. Le revers de ces pièces atteste qu’elles sortent toutes du même atelier, celui d’Athènes. Par une ingénieuse comparaison avec les peintures des vases, et notamment avec les emblèmes des boucliers qui sont figurés sur ceux-ci, M.Seltman démontre que ces divers types ne sont autres que les blasons des anciennes familles nobles d’Athènes, les Eupatrides.

Cette observation nous conduit à une nouvelle explication de la réforme de Solon. On a longtemps admis que la monnaie primitive en usage à Athènes était la tortue d’Egine, et que la mesure imposée par Solon, en 594, consista dans l’inauguration d’une monnaie frappée d’après l’étalon euboïque. M.Seltman croit au contraire que Solon changea l’étalon phidonien primitif pour un étalon attique plus léger. Ces pièces, classées jusqu’à présent à Carthaea ou à Andros, ont pour type l’amphore thyrrénienne, symbole du commerce de l’huile, grâce à quoi des relations s’étaient établies entre Athènes et l’Egypte. Au VIIe siècle, le port d’Athènes était Prasiae. De là les navires cinglaient vers Carthaea, vers l’île de Céos, dont les monnaies au type de l’amphore à vin étaient interchangeables avec celles d’Athènes, jusqu’en 594.
Après Solon, Athènes offre le spectacle de la lutte des partis. Depuis 590, les monétaires frappent des monnaies aux types de leurs patrons. Monétaires et types changent avec l’arrivée au pouvoir du parti vainqueur.

Tétradrachme d’Athènes
Nicolas Poussin – Midas et Bacchus. Source : en.wikipedia.orgDans le mythe de Midas ce dernier était pauvre mais il avait le cœur sur la main, il partageait tout ce qu’il avait avec générosité. En récompense les dieux lui accordèrent un souhait. Il demanda que tout ce qu’il touche se transforme en or. Ce vœu devint vite une malédiction car tout ce qu’il touchait se changeait en or. Il ne pouvait plus manger ni boire. Il supplia les dieux de lui enlever ce don, les dieux lui dirent de se plonger complètement dans la rivière Pactole et selon la légende la rivière devint très riche en or.

Les Pisistratides ont pour emblème un cheval, les Aléméonides la roue magique consacrée à Apollon, et rappelant en même temps les courses de chars et les victoires olympiques.
Avant de devenir tyran d’Athènes, en 561, Pisistrate exilé frappa des monnaies dans le district du Pangée et aussi dans les mines de Brauron et du Laurion. Il s’était placé sous la protection d’Athéna. Son habileté commerciale lui inspira la création d’un tétradrachme (statère) qui, plus grand que la tortue d’Egine, pût la supplanter sur le marché. Ce sont là les plus anciennes monnaies à deux types, face et revers, que nous connaissions. D’une part figure la tête d’Athéna, que l’on peut comparer à celle que l’on voit sur les plus anciennes amphores panathénaïques, et d’autre part la chouette. Cependant l’ancien atelier des Aléméonides continuait à frapper des monnaies aux types de la roue, de la chouette, de la tête de taureau, du gorgoneion.
Pisistrate dut quitter Athènes en 556, pour regagner le Pangée. Sur les monnaies qui furent alors frappées par son ordre, on remarque la forme de la lettre T (symbole solaire) qui indique que des graveurs péoniens en fabriquèrent les coins. On peut noter aussi la rudesse de style de ces pièces copiées par des artisans semi barbares sur les belles monnaies du Laurion. C’est ainsi que Pisistrate se constituait un trésor pour reconquérir Athènes. Il y rentra en 546, et ferma aussitôt l’ancien atelier oligarchique mais sans cesser pour autant de frapper en Péonie, sans doute pour préparer son expédition contre Sigeion, de 535.

  • De 546 à 527, date de la mort du tyran, on frappa surtout des tétradrachmes pour répondre aux nécessités du commerce extérieur.
  • Sous Hippias, de 527 à 510, deux ateliers furent en activité, celui d’Athènes et celui du Laurion, ce dernier établi au cap Sounion. Si l’atelier du Laurion frappait la monnaie courante, on fabriqua à Athènes même les monnaies qui, tous les quatre ans, en 526, 522, 518, 514, commémorèrent les Panathénées. Ces pièces, peut- être sous l’influence de celles de la Grande Grèce, furent frappées sur des flans larges et minces.
Des historiens pensent que le siège de Troie ne fut pas établi uniquement pour récupérer Hélène, mais aussi pour s’emparer des grandes richesses de la ville de Troie. Vers 1220 av JC Hélène était l’épouse de Ménélas, roi de Sparte. Pâris était le roi de Troie. Zeus promit Hélène à Pâris, Hélène se laissa enlever sans résistance. Ménélas fit appel à tous les rois grecs pour reprendre Hélène à la ville de Troie, Agamemnon prit le commandement des troupes avec à ses côtés de nombreux héros tels que Achille, Nestor, Ulysse, Patrocle, Philalèthe, les deux Ajax. Le siège de la ville dura 10 ans. Ulysse eut l’idée du cheval de Troie, les guerriers grecs se dissimulèrent dans un grand cheval de bois et les grecs feintèrent leur départ. Ce cheval à l’honneur d’Athéna fut laissé en évidence pour que les troyens amènent l’offrande en leurs murailles. Les troyens firent rentrer le piège dans leurs fortifications, et fêtèrent leur victoire. Durant le festin, les soldats sortirent et tuèrent la famille royale. Hélène fut ramenée à Sparte.

Le meurtre d’Hipparque et la conquête de la Thrace par Darius (514-512) privèrent Hippias de ses revenus du Pangée, et l’amenèrent à décréter sa réforme : les anciennes monnaies des Eupatrides furent retirées de la circulation, et avec l’argent ainsi acquis des monnaies aux types habituels furent émises, ce qui constituait un gain pour le trésor. Dans le même temps, les Eupatrides exilés frappaient à Delphes des monnaies à la chouette portant l’initiale A, et d’autre part des monnaies au type de la jambe humaine et du triskèle avec la lettre F (Phocide).
Sur ces entrefaites, Hippias fut battu par Cléomène, roi de Sparte, allié à l’Alcméonide Clisthène. Ce dernier essaya d’établir la démocratie, tandis que les nobles, prenant pour chef Isagoras, frappaient des tétradrachmes aux types de la tête de taureau, du gorgoneion, puis de la tête de panthère de face, en quoi il faut peut-être voir l’emblème de 1’ « ami des tyrans ». Durant cette période, l’atelier du Laurion demeura fermé.
En 506, à la suite d’une tentative de soulèvement, Cléomène réunit ses forces à celles de Thèbes et de Chalcis pour attaquer Athènes. Des monnaies d’alliance furent frappées conjointement à Chalcis, avec le bouclier et la roue, et l’initiale ?, et à Thèbes, aux mêmes types, avec BOI ou TA. Les Athéniens triomphèrent de leurs adversaires et c’est alors que Clisthène construisit le premier Parthénon. Deux ateliers monétaires sont en activité : le Laurion et Athènes. Dans le premier, on frappe des monnaies divisionnaires au type d’Athéna Ergané, au lieu de la chouette, et de la tête de nègre, celle de Delphos, fils de Melaina.

La victoire de Marathon, en 490, fut célébrée sur le monnayage athénien par le laurier triomphal qui vint orner le casque de la déesse tutélaire. Les décadrachmes, dont il subsiste un petit nombre d’exemplaires, auraient été émis pour procéder aux distributions d’argent qui furent faites aux citoyens de 486 à 484. Chaque Athénien devait en effet recevoir dix drachmes. C’est en 483 que, selon Hérodote, Thémistocle décida le peuple à faire l’abandon de cette aubaine au profit de la flotte, la «ville de bois», alors sur le point d’être mise en chantier. Cette flotte, fruit d’un sacrifice librement consenti est celle qui vaincra les Perses de Xerxés à Salamine, en 480. Cette histoire est assez belle, peut-être trop belle.

Nous ignorons, en vérité, le nombre des décadrachmes qui furent émis après Marathon. Ces pesantes pièces, qui représentaient une somme considérable, n’étaient guère propres aux échanges de la vie courante. Il est difficile de croire à leur distribution massive. En tout cas, les législateurs n’avaient pas songé que les ressources qu’ils mettaient à la disposition du peuple athénien étaient fallacieuses, car l’augmentation brusque du numéraire devait avoir pour conséquence inéluctable la hausse des prix, « en flèche », comme nous disons aujourd’hui. La mesure conseillée par Thémistocle, et son appel au patriotisme désintéressé, avait sans doute des causes profondes, dans l’économie même du pays. Ce qui nous rend sceptique sur l’abondance de cette émission de décadrachmes (le revers porte l’image de la chouette déployée, telle qu’on la vit planant en signe de victoire sur le champ de bataille), c’est que certains des rares spécimens qui sont par venus entre nos mains, portent la trace de la rupture du coin. La frappe de monnaies épaisses de cette dimension était un tour de force un peu excessif pour l’industrie de cette époque.
Après la défaite des Perses, les Athéniens tirent parti de leur victoire pour établir leur suprématie ; la ligue constituée en 478-476, sous la direction de Conon et d’Aristide, eut son centre à Délos, et l’on eut soin de fixer la contribution des cités fédérées pour drainer leurs ressources vers la caisse commune. Athènes en profita pour imposer sa monnaie à ses alliées dont le monnayage fut dès lors suspendu. Les « chouettes » athéniennes se répandirent dans tout le bassin méditerranéen et s’imposèrent par leur aloi, par l’identité d’un type facilement reconnaissable et que les Athéniens eurent la sagesse de garder à peu près immuable.

Nom de l’atelier : Attique, Athènes Métal : argent Diamètre : 24,5mm Axe des coins : 9h. Poids : 17,21g. Titulature avers : Anépigraphe. Description avers : Tête d’Athéna à droite, coiffée du casque attique à cimier, orné de trois feuilles d’olivier et d’une palmette avec collier et boucles d’oreilles. Description revers : Chouette debout à droite, la tête de face ; derrière, une branche d’olivier et un croissant ; le tout dans les restes d’un carré creux. Légende revers : AQE Traduction revers : (Athènes).

Le tétradrachme athénien, monnaie universelle, ne suit guère dans son type l’évolution artistique contemporaine, il demeure conforme à une tradition qu’on a tout intérêt à ne pas altérer. Les villes alliées subissent patiemment ce joug jusqu’au moment où la puissance athénienne s’effondre en Sicile, en 413, en même temps que l’occupation de Décélie par les Lacédémoniens, la prive des ressources minières du Laurion.

La détresse financière où se trouve l’état athénien en 407 l’oblige à faire fondre les Victoires d’or érigées aux alentours du Parthénon. C’est la première fois qu’une monnaie d’or sort de ses ateliers, mais cette magnificence apparente traduit une extrême nécessité. L’année suivante, par contre, c’est la monnaie de bronze qui atteste cette déchéance. Au IVe siècle, les tétradrachmes athéniens que l’on recommence à frapper en abondance portent les signes in équivoques de cette dégénérescence.

Le « nouveau style » débute vers 220

l’art en est pauvre, mais ces monnaies ont pour nous l’avantage de porter des noms de magistrats accompagnés de symboles adjoints. La chouette est perchée sur une amphore dont la panse est marquée d’une lettre qui est une date. Tous ces indices sont précieux. On relève parmi eux les noms d’Antiochus Epiphane et de Mithridate. Une dernière fois Athènes frappa des monnaies d’or « de nécessité » au moment du siège que lui fait subir Démétrius Poliorcète, de 296 à 294. Lacharès envoya alors au creuset le trésor du temple de l’Acropole, les cent corbeilles d’or que portaient les jeunes filles aux fêtes des Panathénées, et les ornements mêmes de l’Athéna Parthenos de Phidias.
Tel fut donc, dans ses grandes lignes, le monnayage de la capitale du monde grec, depuis les origines, jusqu’à l’époque alexandrine. On peut dire que chaque pièce, chaque émission marque pour l’observateur perspicace un jalon dans l’histoire d’un peuple, que la numismatique est l’exact reflet de ses destinées.

Mais en considérant ces « chouettes » athéniennes, on ne saurait oublier qu’elles furent un instrument d’oppression qui pesa durement sur les cités que le sang, la culture et la langue eussent dû étroitement réunir en face d’un ennemi commun.

  • On sait comment les contributions en argent exigées de chacune de celles qui, de gré ou de force, s’inscrivirent parmi les membres de la ligue, furent détournées au profit d’Athènes.
  • De plus, au lendemain de la constitution de la ligue attico-délienne, dès 456, le monnayage de ces petits États indépendants est sévèrement contrôlé, il se réduit ou disparaît tout à fait devant la monnaie du maître.
  • En Eubée, Erétrie et Carystos ne frappent plus que des drachmes.
  • Andros cesse tout monnayage, de même que Carthaea, Coressia et Julia dans l’île de Céos ; Ténos, Siphnos, Naxos, Paros ferment leurs ateliers. Si Mélos résiste et continue à frapper des statères d’argent, il lui en cuira.
  • Milet. Phaselis, Cnide, Halicarnase, Iasos, Ialysos, Camiros n’émettent que des monnaies divisionnaires.
  • Cos ne frappe plus qu’à l’occasion des jeux des monnaies « agonistiques».
  • Quant à Samos, Lesbos et Chios, elles sont membres de la ligue, mais sur le pied d’égalité avec Athènes, et frappent donc des tétradrachmes.
  • Ephèse n’émet de statères d’argent qu’en vertu d’un accord spécial : c’est pour subvenir aux frais de la reconstruction de l’Artemision.

Colophon, Erythrées, Clazomène ne frappent au Ve siècle que de la menue monnaie pour leur trafic local. De même les villes de l’Eolide, de la Mysie, de la Troade, Cymé, Dardanos, Gargara, Abydos, Astacos, Parion, Lampsaque, Tenedos, Chalcedon et Byzance, Héraclée de Bithynie et Sinope, Selymbria et Chersonesos. Par contre, Abdère, Aenos, Maronée, en Thrace, continuent l’émission de leurs tétradrachmes, parce qu’elles étaient chargées de tenir en respect les Thraces Odryses. Thasos frappe des statères mais c’est parce qu’elle ne veut pas se soumettre.

Décadrachme de Syracuse, dit le Demareteion

Acanthe est une alliée de Sparte. Téroné, Olynthe, Potidée subissent la loi athénienne. Les révoltes furent sévèrement réprimées à Naxos, à Thasos, à Mégare en Eubée. A Mélos la population fut égorgée par des «clérouques» athéniens, en 415. La guerre du Péloponnèse devait mettre fin à cette tyrannie qu’Athènes devait payer cher par sa défaite en Sicile. Les chouettes étaient en déroute.

Les monnaies de Syracuse.

Syracuse, Tétradrachme, Avers: quadrige bondissant à gauche conduit par un aurige tenant les rênes et le kentron, l’aurige est couronné par Niké volant à droite, ligne d’exergue au dessous de laquelle nagent deux dauphins à gauche et à droite, Revers: tête d’Aréthuse à gauche, entourée de quatre dauphins.
Syracuse, Tétradrachme, Avers: quadrige bondissant à gauche conduit par un aurige tenant les rênes et le kentron, l’aurige est couronné par Niké volant à droite, ligne d’exergue au dessous de laquelle nagent deux dauphins à gauche et à droite, Revers: tête d’Aréthuse à gauche, entourée de quatre dauphins.

Le monnayage de Syracuse n’est pas moins fécond en renseignements tout en étant plus brillant dans son développement artistique. Les premiers tétradrachmes, de poids attique, sont antérieurs au règne du tyran Gélon, et remontent à l’époque de la domination des Gamoroi, les grands propriétaires terriens, éleveurs de chevaux de course. C’est un char, un quadrige, qui forme le type principal de ces monnaies d’un style encore rude. Au revers, d’abord occupé par un simple carré quadripartit, apparaît bientôt une petite tête féminine qui va peu à peu envahir tout le champ.

L’année 480, date de la victoire remportée à Himère sur les Carthaginois, est signalée par la frappe du fameux Demareteion, qui porte traditionnellement le nom de la reine Démarète, femme de Gélon, décadraclune qui peut être comparé à celui d’Athènes, à peu près contemporain. La tête d’Aréthuse s’y trouve en place d’honneur, encadrée par des dauphins, tandis qu’au revers subsiste le quadrige au pas, conduit par un aurige qui rappelle la célèbre statue de Delphes. Les médaillons signés par Kimon ou Evénète, commémorant les jeux de l’Assinaros par quoi fut célébrée la défaite des Athéniens en 413, leur font pendant, à la fin du même siècle. Dans l’intervalle, année par année, se succèdent les tétradrachmes qui font revivre à nos yeux en un défilé ininterrompu et indéfiniment varié « l’immortelle beauté des vierges de Sicile ». Toutes ces pièces sont conformes au programme une fois tracé : il s’agit toujours d’une tête de femme entourée de dauphins qui la désignent comme une déesse des eaux, accompagnée au revers d’un quadrige. Mais cette effigie se modifie incessamment selon la fantaisie des artistes qui dès lors sont admis à signer leurs oeuvres.

On peut suivre sur cette galerie d’images l’évolution de la mode féminine qui relève les cheveux en torsades, en chignons savamment édifiés, les enserre dans des sacs brodés ou dans des résilles, ou les laisse flotter au vent dans un savant désordre. On a pu supposer avec quelque complaisance, devant ces fins profils dont les différences n’oblitèrent pas un type racial, que les prêtresses de la déesse ont servi de modèles aux graveurs qui se sont évertués sur ce thème gracieux avec plus ou moins de bonheur.

En 414, durant le siège de la ville, comme un peu plus tard les Athéniens, les mêmes causes produisant les mêmes effets, les Syracusains frappèrent des monnaies d’or de nécessité. Ce sont de petites pièces de cent litrae qui nous montrent d’une part une tête de femme, les cheveux retenus dans un saccos, et de l’autre Héraclès luttant avec le lion de Némée, groupe sculptural merveilleusement adapté à la rondeur du flan monétaire. Après la chute de la dynastie des Denys, se succèdent les monnaies d’électrum de Dion, celles de Timoléon, au type de Zeus Eleutherios, le Libérateur, en 345, puis, après Alexandre le Grand, celles d’Agathocle, d’Hicétas, puis de Pyrrhus, roi de Sicile, de Hiéron II, de la reine Philistis, enfin de Hiéronyme, en 216 av. J.-C.
Syracuse, pour son malheur prit le parti d’Hannibal, lors de la seconde guerre punique ; elle émit plusieurs espèces de monnaies pour payer les frais de la campagne, la dernière a pour types la tête d’Athéna et au revers Diane chasseresse. Peu d’années après, en 212, Marcellus s’emparait de la ville et ornait son triomphe de ses dépouilles.
Le monnayage hellénique fleurit avec une admirable abondance depuis le Ve siècle dans la mesure où il échappe à la tyrannie athénienne.

4 tétradrachmes d’Athènes

Parmi les séries les plus importantes, citons celle d’Egine ; à la tortue de mer ou thalassite, succède la tortue terrestre, testudo graeca, aux écailles bombées reproduites avec une singulière adresse. Erétrie et Carystos, dans l’Eubée, adoptent pour type une vache allaitant son veau.

Dans les Cyclades, nous trouvons à Délos la lyre d’Apollon, à Naxos, un canthare, à Tenos, une grappe de raisin qui évoquent la richesse de leurs vignobles ; à Paros, une chèvre; à Siphnos, un aigle en plein vol ; à Melos, une pomme ou un coing, qui rappelle son nom ; à Samos, la dépouille d’un lion, la tête d’un taureau, la proue de galère (samaina) ; à Chios, un sphinx et une amphore; à Cos, un crabe et le discobole. Cyzique continue jusqu’à l’époque d’Alexandre de répandre ses statères d’électrum, lourdes pièces d’aspect rude et irrégulier dont le revers est timbré d’un carré creux archaïque, mais dont les types sont variés à l’infini : figures d’animaux, scènes mythologiques diverses, personnages légendaires, portraits, unis seulement par un commun symbole : le thon qui évoque les pêcheries fameuses.

C’est là un numéraire accepté partout une véritable monnaie internationale, seule de son espèce.

En Asie, les types monétaires les plus remarquables sont ceux

  • d’Ephèse : l’abeille, symbole des melittai, prêtresses de la déesse Ephesia, ou le cerf qui est son animal favori ;
  • de Clazomène, la tête d’Apollon de face, les cheveux épars, et son revers, le cygne des marais qui est une merveille d’observation naturaliste, en même temps que son cri fait résonner, par un jeu de mots, le nom même de la ville.
  • Dans la Grèce continentale citons ceux de Mendé en Macédoine : Silène assis sur son âne, le canthare à la main – d’Acanthe : le groupe monumental et d‘une magnifique violence, du lion luttant contre le taureau –
  • d’Abdère, le sphinx, avec au revers la tête de Pythagore –
  • de Maronée, le cheval –
  • de Thasos, la splendide tête de Dionysos avec au revers Héraclès tirant de l’arc –
  • d’Amphipolis : la tête d’Apollon de face avec au revers le flambeau –
  • d’Aenos, la tête d’Hermès, de face ou de profil, coiffé du pétase bordé d’un rang de perles, avec au revers une chèvre.

Les monnaies de Thessalie, de Larissa, de Pharsale ou de Phères, nous parlent de courses de taureaux ou de l’élevage des chevaux. Celles de Sicyone portent une chimère, greffant une chèvre sur un corps de lion ; celles d’Olympie, dont la Victoire pensive rappelle poétiquement les jeux du stade, nous montrent en deux séries la tête de Zeus ou celle de Héra, avec au revers l’aigle attaquant un serpent, ou le foudre. Celles de Messène reproduisent la statue du Zeus du mont Ithome, sculptée k par Agéladas ; celles d’Argos, la tête de Héra.

Les nombreuses monnaies de la Crète, d’une fabrique souvent négligée, ont le mérite de nous mettre sous les yeux d’archaïques légendes, celle de la nymphe Europe séduite sous le platane par Zeus métamorphosé en aigle, à Gortyne; celle du Minotaure, à Cnossos, où se trouve tracé le plan circulaire ou cruciforme du labyrinthe. A Hiérapytna, c’est Zeus qu’on invoque ; voici le Triton et les serpents de mer, à Itanos ; il faudrait encore décrire les types de Lyttos, de Polyrrhenion, d’Aptère, de Praesos, de Sybrita, de Rhaucos.

A l’extrême limite du monde grec, la Chersonnèse taurique, la Crimée actuelle, nous offre un opulent monnayage d’or, grâce à la richesse des gisements miniers de la contrée.

  • A Panticapée, la tête de Pan, de profil ou de face fait penser à je ne sais quel moujik russe ; au revers, un griffon tient dans sa gueule un dard.
  • Les monnaies de Trapezonte ont pour type parlant une table ;
  • celles de Sinope, en Paphlagonie, un aigle marin qui attaque un dauphin.

Revenons vers le Sud.

Cyrène est restée célèbre pour son monnayage d’or où parait la tête de Zeus muni des cornes d’Ammon. Au revers, une pousse de silphium, cette plante mystérieuse, panacée aux cent usages divers, dont la Cyrénaïque faisait une grande exportation, ainsi que l’atteste dès le VIe siècle la fameuse coupe où l’on voit le roi Arcésilas assister à la pesée et à l’embarquement de la précieuse denrée.
En Cilicie, en Carie, ce sont les monnaies satrapales qui s’offrent à notre examen, avec les portraits des dynastes, l’image de Zeus assis au centre d’une enceinte fortifiée. Les monnaies de Mausole, célèbre par le tombeau somptueux que lui éleva la reine Artémise, ont pour type une tête d’Apollon de face. Hélios, le Soleil rayonnant est représenté de la même façon sur les monnaies de Rhodes, dont le revers est la rose, le balaustion.

Il arrive parfois que les cités se groupent en confédérations de caractère politique et commercial, et adoptent un numéraire commun, donc un même type de monnaie qu’accompagnent des symboles particuliers. Toutes les colonies de Corinthe qui essaimèrent surtout vers l’Occident, sur les rives de l’Adriatique, en Acarnanie, en Epire, en Italie ou en Sicile, frappent des statères d’argents analogues, aux types d’Athéna Chalinitis, coiffée du casque corinthien, et de Pégase, Pégase, le cheval ailé qui avait fait jaillir sous son sabot la fontaine de Peiréné, sur l’Acrocorinthe, et que Bellérophon avait dompté. Ce statère, auquel on donna le nom de « poulain », est divisé en trois drachmes, selon le mode ionique. Seule une lettre distingue les ateliers : le koppa archaïque désigne Corinthe, ? Leucas, A Anactorion ; A M Ambracie, ? Dyrrachion.

On a pu de même qualifier de monnaies fédérales celles qui furent émises en Béotie, après 550, avec pour type dominant le bouclier national, très bombé, muni de deux échancrures latérales. L’initiale de chaque atelier rappelle le nom de la ville émetteuse. Le foyer religieux de la ligue était à Crannon, la capitale politique Thèbes, mais Tanagra fut sans doute le centre principal de ce monnayage.
La ligue chalcidienne, en Thrace, fut fondée en 420, après la paix de Nicias. Les monnaies qui furent alors frappées à Olynthe, selon l’étalon thrace, comptent au nombre des plus belles que nous ait laissées l’Antiquité. Ce sont d’abord des tétroboles, puis des tétradrachmes aux types de la tête d’Apollon lauré, avec au revers la lyre à sept cordes. Ce monnayage devait durer jusqu’à la destruction d’Olynthe par Philippe de Macédoine, en 349.

Après la victoire de Conon, en 394, une nouvelle ligue se constitua sous le nom d’Athènes, mais les cités qui s’y agrégèrent pour faire front contre Lacédémone, entendirent bien maintenir le principe de l’égalité et ne pas retourner aux errements passés, qui avaient soumis le monde grec à la suprématie d’un seul. Elles conservèrent chacune son système pondéral, tout en adoptant un type nouveau qui symbolisait leur alliance : le jeune Héraclès étranglant les serpents envoyés sur son berceau par Héra jalouse. La légende vient parfois accentuer le caractère commun de ces espèces. Thèbes, Byzance, Ephèse, Cnide, Rhodes, Iasos, Samos, Lampsaque, Cyzique, s’associèrent à ce mouvement.
Plus tard, une ligue arcadienne, dans le Péloponnèse, réunit plusieurs villes autour de la capitale Megalopolis, nouvellement bâtie en 370, sur l’initiative d’Epaminondas, le héros béotien. Un monogramme caractérise les monnaies émises aux types du Zeus du mont Lycée, et de Pan.
Enfin la ligue achéenne s’organisa avec pour capitale Aegion, en 367. Elle émit des monnaies aux types d’Artémis Laphrienne, qui avait un sanctuaire fameux à Patras, et de Zeus Amarios. Cette association n’eut qu’une existence éphémère mais elle reprit une forme nouvelle vers 280, et frappa alors des trioboles d’étalon phidonien, avec la tête de Zeus accompagnée de monogrammes de magistrats.
On peut encore considérer comme une monnaie commune celle qui fut émise à Delphes, après la guerre d’Amphissa qui donna au roi Philippe de Macédoine en 339, le contrôle du conseil amphictyonique. L’assemblée des trésoriers du temple fit alors frapper des tétradrachmes d’étalon phidonien, qui portent la légende ??F??????O?. Le droit présente l’effigie de Déméter couronnée d’épis, et le revers l’image d’Apollon, vêtu d’un long chiton, assis sur l’omphalos sacré, tenant une branche de laurier, et accoudé sur sa lyre, en une attitude méditative qui semble faire prévoir la bataille de Chéronée, prélude de la chute des libertés grecques.
Il faudrait tout au moins dire un mot à cette place des cistophores, tétrachmes frappés selon le système de Chios (12 gr. 65), dont le nom vient de leurs types : la ciste mystique du culte dionysiaque, d’où s’échappe un serpent, et le carquois enlacé par deux serpents, le tout entouré d’une couronne de lierre. Ces monnaies furent émises depuis le milieu du IIe siècle avant notre ère dans le royaume de Pergame, puis à Ephèse, à Smyrne, à Pergame, à Adramytion, à Sardes, à Thyatire, et d’autres cités de Lydie ou de Phrygie. Ce numéraire se répandit dans toute l’Asie mineure. Après la réduction de l’Asie en province romaine, les gouverneurs proconsulaires en poursuivirent 1a frappe, et jusque sous l’empire, on continua à fabriquer des « médaillons cistophoriques ».

L’occident hellénique, la Sicile et l’Italie méridionale, ou Grande Grèce, furent la terre d’élection de l’art monétaire. Nulle part les graveurs n’atteignirent un pareil degré de perfection, nulle part le répertoire de types divers n’est plus riche, et n’offre au commentaire une matière plus fertile. Nous avons déjà signalé, à l’époque archaïque le monnayage si curieux des villes qui frappèrent des monnaies incuses. Si la technique en est la même, les types manifestent l’indépendance de leur choix : l’Apollon de Caulonia debout, le bras tendu, qui paraît reproduire une statue cultuelle antique, le Poséidon de Posidonia ou Paestum, l’opulent épi de blé de Métaponte, qui rappelle l’ex-voto d’or dédié par la ville au temple de Delphes ; Phalanthos et Taras chevauchant le dauphin, à Tarente ; le trépied de Crotone ; le taureau de Sybaris. La ville de Zancle, ou Messine, nous offre un exemple singulier d’imagination plastique, en nous montrant le port même, figuré par une ligne recourbée en faucille (au milieu de laquelle s’ébat un dauphin).
A la période suivante, la tête de lion de Rhegium est empreinte d’une puissance sauvage, avec son fort relief, et les bajoues monstrueuses du fauve dépouillé ; plus tard, sous l’influence d’Athènes, la même ville adoptera pour types la tête d’Athéna, coiffée d’un casque attique décoré du monstre Scylla, et au revers, un taureau superbe, chef d’oeuvre de l’art animalier. Les suites de Tarente, à l’époque classique, sont l’objet de l’admiration des amateurs, ce sont des variations infinies sur le thème traditionnel : le jeune Taras est représenté dans toutes les attitudes sur le dauphin qui nage dans les flots du golfe fameux. Il tient un casque, un fuseau, un canthare, et ses reins se plient selon l’allure de la monture qui l’emporte. Phalanthos joue avec un chat ; un cavalier armé d’un petit bouclier rond, ou équipé de pied en cap, saute à bas de son cheval au galop ; un autre, arrivé au but, lève le bras en signe de triomphe, tandis qu’un palefrenier nettoie les sabots de sa monture. Bref, nous avons là sous les yeux quantité de petite tableaux, composés avec une sorte de vivacité impromptu, où le souci du détail pittoresque et même trivial ne nuit pas au style de l’ensemble, à l’équilibre des lignes.

La Victoire pensive de Terina a conquis une célébrité méritée. Les monnaies de Cumes, de Neapolis, de Nola, nous offrent aussi de fines effigies de femmes savamment coiffées. Celles d’Étrurie échappent au classicisme grec pour nous offrir le type encore barbare de la Victoire en course, les ailes déployées; ou le masque horrifique de la Gorgone.
En Sicile, Himera a pour emblème le coq qui annonce le lever du jour : puis elle nous montre les sources thermales qui faisaient sa réputation, sous la forme d’une eau jaillissant de la gueule d’un lion, devant une nymphe. Agrigente eut pour graveurs des maîtres animaliers qui surent reproduire avec une étonnante justesse la carapace d’un crabe, ou un aigle analysé à la fois dans son attitude et jusqu’au plus mince détail de ses serres ou de ses pennes. Le groupe des aigles dévorant un lièvre, avec pour revers une course de chars, sur un décadrachme frappé en 410, peut être placé à côté des décadrachmes de Syracuse, presque contemporains, et compte parmi les merveilles de l’art monétaire.

Nous ne reviendrons pas sur les monnaies de Syracuse. Léontini frappe des tétradrachmes aux types de la tête d’Apollon, d’abord archaïque, avec les cheveux calamistrés comme une idole, puis d’un style classique, avec pour revers une tête de lion entourée de grains de blé. Gela invoque son dieu fleuve, sous l’aspect d’un jeune homme ou d’un taureau androcéphale à la nage. Les monnaies de Selinonte suggèrent les marais peuplés de céleri sauvage, on y voit Apollon et Diane dans un char, décochant leurs flèches contre les génies néfastes qui répandent la malaria dans la contrée, Selinos sacrifiant sur un autel, au pied duquel on voit le coq d’Esculape, et la feuille de céleri, remède de la fièvre maligne. Le chasseur de Ségeste se penche en avant, le pied sur un rocher, escorté de ses chiens. La nymphe de Camarina se laisse emporter sur les flots, mollement couchée sur un cygne.
Une monnaie de Catane-Aetna, dont un seul exemplaire nous a été conservé, nous montre comment une imagination grecque, pour décrire un paysage, se contentait d’en relever les traits essentiels, sons une forme symbolique : l’Etna est figuré par un Silène aux traits bestiales, accompagné du scarabée, le bousier qui pullulait sur les pentes du volcan ; au revers, Zeus assis, tient le foudre, devant un pin sur lequel l’aigle est perché.
Naxos frappe aussi de magnifiques monnaies avec la tête de Dionysos et un satyre accroupi de face, tenant un canthare, chef-d’oeuvre d’anatomie poussé avec un souci presque excessif de réalité. A Catane encore, le taureau à la nage, la tête d’Apollon de profil ou de face, la course de chars. A Messine, l’attelage de mules, le lièvre à la course et Pan assis sur des rochers.
Un des caractères de la numismatique sicilienne, c’est qu’elle cède parfois à des influences africaines. On a déjà relevé le type ethnique assez frappant de la tête d’Aréthuse, sur le décadrachme de 480. Les contacts avec les Carthaginois furent fréquents et violents. La grande cité africaine, si proche, frappa des tétradrachmes à l’imitation de ceux de Syracuse, et bien qu’elle ait su attirer à son service des graveurs grecs, il est intéressant de noter les altérations que subirent sous leur main les modèles qu’ils avaient choisis, eu leur adjoignant le cheval et le palmier puniques.
Par cette voie, l’art hellénique se propagea jusque dans les comptoirs de la côte du Levant espagnol.
Les monnaies des Barcides en Espagne, frappées à Carthagène, aux types d’Héraclès et de l’éléphant, sont du plus pur style grec. Nous atteignons de la sorte le Far West antique. Marseille, au IVe siècle, frappe des drachmes à la tête d’Artémis, avec pour revers un lion, et sa colonie espagnole de Rosas, choisit pour emblème, comme Rhodes une rose dont le dessin, réduit à un schéma cruciforme, fut imité par les Celtes.
Ces imitations barbares nous amènent à dire un mot des monnaies gauloises. Ce sont les monnaies de Philippe de Macédoine, les statères d’or à l’effigie d’Apollon couronné de laurier, avec pour revers un quadrige, qui servirent d’abord de numéraire aux Gaulois. Ceux-ci, par la suite, prirent l’initiative de frapper eux-mêmes un numéraire à leur usage, et à cette fin de copier les monnaies qu’ils avaient à leur portée. Ils le firent avec une absence de toute critique ou une ingéniosité naïve qui a longtemps confondu les savants. Du modèle primitif il ne demeure plus que l’œil d’Apollon, réduit à un motif géométrique : stries parallèles entourant une rouelle environnée d’étoiles, ou bien des boucles de cheveux alignées, des vestiges de la couronne de laurier sous forme de croissants juxtaposés. Toutefois, au moment de la conquête, le voisinage des Romains avait commencé d’entraîner les Gaulois hors des sentiers battus d’un art balbutiant, mais national. Ces monnaies portent des noms propres qui sont peut-être ceux des chefs de tribus, et des portraits. Deux séries de monnaies d’électrum ont été frappées au nom de Vercingétorix. On y a reconnu l’effigie de l’adversaire malheureux de César.

Monnaies de la Grèce antique : tableau des monnaies et de leurs équivalences.

STATÈREMétaux précieux or, argent, électrum avec fractions lydiennes de 1/6ème, 1/12ème, 1/24ème, 1/48e jusqu’à 1/96ème (0.13 gramme).
TALENT60 mines soit 6000 drachmes.
MINE100 drachmes.
SHEKELMonnaie du Proche-Orient correspondant à 1 drachme grecque.
DARIQUEÉtalon d’or de l’empire Perse (époque de DARIUS Ier).
TRIASPièce en bronze de 3 onces.
ONKIASOnce correspond à 1/2 litra argent (Sicile).
LITRADénomination pour le bronze en Sicile.
DILITRON2 litrai-
HEMILITRON1/2 litra-
HEMIDACHME1/2 drachme-
DRACHME6 oboles (4.3 grammes)
DIDRACHME2 drachmes (8.6 grammes)
TRIDRACHME3 drachmes-
TETRADRACHME4 drachmes (17.2 grammes)
PENTADRACHME5 drachmes.
OCTODRACHME8 drachmes.
DECADRACHME10 drachmes (4.3 grammes)
DODECADRACHME12 drachmes.
OBOLE1/6 de drachme (0.72 gramme)
DIOBOLE2 oboles (1.43 grammes)
TRIOBOLE3 oboles (2.15 grammes)
TETROBOLE4 oboles (2.85 grammes)
TRITARTEMORION3/4 obole (0.54 gramme)
HEMIOBOLE1/2 obole (0.36 gramme)
TETRARTEMORION1/4 obole (0.18 gramme)
TRIHEMITETARTEMORION3/8 obole (0.27 gramme)
TRIHEMIOBOLE

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