La première pierre de l’édifice fut posée en 1771; il était entièrement achevé en 1777, et mis à part quelques petits bâtiments supplémentaires rajoutés à l’intérieur et nécessités par les besoins du service (que l’Administration actuelle aimerait d’ailleurs bien faire disparaître), il n’a pas changé depuis. Antoine n’avait pas seulement songé à faire œuvre de décorateur : il avait admirablement étudié les impératifs posés par la fabrication des monnaies. La grande salle de la frappe des monnaies, par exemple, est encore absolument en son état originel : les machines seules ont été remplacées.

La Cour et l’Hôtel des Monnaies de Paris n’étaient cependant pas uniques en France. Louis XIV avait créé, en 1704, une Cour des Monnaies à Lyon; elle comprenait dans son ressort les ateliers de Lyon, Bayonne, Toulouse, Montpellier, Riom, Grenoble et Aix et elle fonctionnait concurremment avec la cour des Monnaies de Paris. En outre, chaque Hôtel des Monnaies avait une administration particulière, l’atelier de Paris étant simplement le plus important du royaume.
La Révolution apporta de nouvelles modifications à l’organisation monétaire. L’atelier de Paris fut seul maintenu : pas pour longtemps, car l’arrêté du 10 prairial an IX (mai 1803) remit en activité les 13 ateliers monétaires situés sur le territoire français qui tous fonctionnèrent jusqu’en 1837, à savoir, outre Paris : Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Rouen, Strasbourg, Bayonne, La Rochelle, Limoges, Nantes, Perpignan et Toulouse. Le nombre des ateliers, dans les « pays conquis » fut porté à cinq : Gênes, Genève, Rome, Turin et Utrecht. C’est ainsi qu’il y eut dix-huit ateliers monétaires en activité pour le compte du Premier Empire.
Mais le gouvernement supprimait les Monnaies de Bayonne, de La Rochelle, de Limoges, de Nantes, de Perpignan et de Toulouse, le Ier janvier 1838; Lille, Marseille et Rouen fonctionnèrent jusqu’en 1857; Lyon se maintint jusqu’en 1858. A cette date, il ne restait plus que les hôtels monétaires de Paris, Strasbourg et Bordeaux; ce dernier continua à fonctionner jusqu’en 1878. Ce n’est qu’à partir de cette date que l’Hôtel de la Monnaie de Paris centralisa toutes les opérations concernant la fabrication des monnaies métalliques françaises ou commandées à la France par les gouvernements étrangers.