Stephen Jarislowsky. Photo portrait

Comprendre avant d’investir, par Stephen Jarislowsky.

Répandre l'amour.
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Stephen Jarislowsky est un homme doué d’une grande sagesse et d’un rare discernement sur les marchés financiers. Il s’agit en fait du Warren Buffett canadien. D’ailleurs, sa stratégie d’investissement s’en rapproche.

La crise du papier commercial nous donne une belle leçon d’investissement : quand on ne comprend pas un produit financier, on ne l’achète pas.

La dernière crise financière nous prouve qu’il ne faut pas croire tous les boniments des vendeurs.

Récemment, nous avons vu du papier commercial à court terme coté AAA (prêts hypothécaires garantis et créances de cartes de crédit, etc.) frapper un mur. Nous avons aussi vu des prêts hypothécaires à risque en faire autant, sans compter les innombrables actions pourtant portées aux nues. Les agences de notation, en conflit d’intérêts avec les émetteurs, (ces derniers les payant pour les noter), ont donné des cotes élevées à de nombreux placements discutables. Beaucoup d’investisseurs se sont arrêtés aux cotes, et s’en mordent les doigts, en recherchant les plus hauts rendements sur les obligations ou les titres à court terme. Les créances à court terme titrisées génèrent un rendement annuel supérieur de 0,1 % à celui des obligations d’état. Des billions de dollars de papier commercial ont été vendus sous forme de créances titrisées et achetés sans réfléchir, sur la foi des cotes AAA. Les vendeurs ont bien écoulé leur salade.

Que s’est-il passé ? Plutôt que de tenter d’expliquer tous les instruments dérivés utilisés, rappelons simplement que l’actif auquel la créance titrisée est adossée ne représente pas la dette d’un seul, mais bien de plusieurs centaines d’emprunteurs qui ont une dette hypothécaire ou un solde de carte de crédit. Si vous achetez un titre de la société Alcan, c’est elle qui doit payer à échéance. Les centaines de personnes qui ont contracté les prêts titrisés n’ont pas une dette à court terme, et même si c’était le cas, comment récupérer son argent auprès d’une centaine de personnes le 31 août 2007, par exemple ? De plus, chacun des prêts n’était certainement pas coté AAA, et même si vous déteniez les 20 % qui étaient de premier rang, comment récupérer votre mise, à moins que quelqu’un d’autre ne l’est garantie ? On tente actuellement de convertir la durée, en la faisant passer de mensuelle à annuelle.

Autrement dit, il faut encaisser une perte maintenant, ce qui n’était pas l’objectif du placement, pas plus que la perte ou la prorogation, d’ailleurs.

Un investisseur ne devrait jamais acheter à aveuglette.

Vous travaillez trop fort et trop longtemps pour vous bâtir un patrimoine. Vous devriez au moins analyser le placement. Si vous ne le comprenez pas, ne l’achetez PAS, et regardez toujours l’envers de la médaille. Dans le cas présent, l’envers, c’est que le 1/10e de 1 % de rendement de plus ne justifie pas votre achat si vous ne comprenez pas ce qui peut arriver ; il est beaucoup plus facile d’acheter un titre simple, comme un papier bancaire à court terme ou un bon du Trésor. Pourquoi notre firme n’a-t-elle pas acheté ce type de papier commercial ? C’est simple : nous n’en saisissions pas parfaitement le mécanisme, et nous le trouvions aussi trop compliqué. Les choses simples sont toujours plus simples !

Les firmes financières inventent continuellement de nouveaux types de placement pour stimuler l’avidité des investisseurs. Bon nombre de ces placements ne donnent pas les résultats prévus à long terme. Les firmes les vendent aux investisseurs cupides, encaissent de généreuses commissions et transfèrent le risque à l’acheteur. Je n’écoute jamais le chant des sirènes et, comme Ulysse, je reste fermement attaché au mât du navire, si bien que je ne peux être séduit que mentalement ! C’est une leçon importante.

Le slogan de Merrill Lynch, Investigate then invest (enquêtez avant d’investir) est un conseil particulièrement judicieux. Faire des affaires, ce n’est pas faire la charité. Lorsqu’un vendeur vous vante un produit financier, demandez-lui pourquoi, si ce placement est à ce point extraordinaire, il ne l’achète pas lui-même. Je pose toujours cette question. Vous me trouverez peut-être égoïste, mais en ce qui me concerne, je ne dis jamais aux gens où se trouvent les plus belles mûres ou les meilleurs champignons.

L’or et les métaux précieux battent actuellement des records. Considérés comme des valeurs refuges, ils sont très appréciés par les investisseurs. Dans ces marchés tourmentés, il nous a semblé utile d’aborder ce sujet. Cela changera un peu des actions :-)

Il est quasiment impossible d’aborder le sujet de l’or sans faire un tour sur l’évolution de la monnaie au fil des siècles. Nous sommes tellement habitués à nos pièces, billets, carnets de chèques et autres cartes bancaires, que nous pensons que cela va de soi. Il n’en est rien. Nous avons étudié dans la première partie de cette réflexion que nous sommes passés d’une monnaie tangible, indexée sur une marchandise rare, à une devise conceptualisée, où seule la confiance au pays émetteur compte. Son symbole le plus emblématique est sans conteste l’or. Depuis des millénaires, ce métal a été la marchandise la plus utilisée comme devise, jusqu’à ce qu’il soit complètement tombé en désuétude au vingtième siècle. A tel point que Keynes l’a flanqué du doux nom de « relique barbare ». Pourtant, à l’aube du 21ème siècle, cette « relique » semble vouloir se débarrasser de cette étiquette. En fait de valeur d’échange, l’or est devenu au fil du temps une valeur de placement. Acheter de l’or ou ne pas le vendre ? Telle est la question.

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